Les tabous naissent souvent à partir de relations spéciales entre des concepts invisibles. El Khorda (la Ferraille), une production de la Maison de la culture de Tébessa, a été au rendez-vous, lundi dernier, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA).Présentée en compétition dans le cadre du Festival national du théâtre professionnel et écrite et mise en scène par Allaoua Hassène, la pièce relate l'histoire de trois vagabonds qui se partagent le rêve dans une Khorda (ferraille). Ramdane, refusant de partir avec son fils, qui a réussi sa vie en politique. Chaâbane, le drogué a réussi à récupérer Athmane, le non-voyant, ingénieur en électronique. Ces derniers essaient de récupérer la ferraille adéquate pour construire un engin afin de quitter le territoire. Une telle approche des relations aboutit à l'aliénation du sujet, voire à la négation de l'objet de son désir. Mieux, en examinant les circonstances idéologiques et sociales de son émergence, la passion est assimilable à la folie. Les deux rescapés (le drogué et l'ingénieur) s'attelèrent à réaliser leurs espoirs. Ils devaient faire face à la question de son implication dans la société qui recule. Ramdane, éminent dans ses idées progressistes et nationaliste, avait déjà un parcours prestigieux, hélas, sans gratitude, a pris conscience de l'importance stratégique que pouvait représenter l'unité et la cohésion dans l'unité nationale. Incitant les deux jeunes à la raison, en leur disant que nous n'avions pas un deuxième pays à part le nôtre. Cette production touche, principalement des thèmes comme l'enfance, la cause féminine, le chômage, la prostitution, et l'environnement... La question implique une double perspective. Le malheur qu'on porte à l'autre et le bien-être dont on bénéficie de sa part. Cela signifie que le sujet n'est pas sûr de bénéficier d'une relation de confiance. Cette dernière est dans le texte une passion qui pousse un sujet à percevoir autrui comme une valeur absolue, qui lui fait désirer d'être perçu comme tel par autrui qui, dans le meilleur des cas, place deux sujets en position de réciprocité absolue. La scénographie est constituée d'une niche d'un chien que Ramdane exploite comme abri et en toile de fond, symbolisant une ville avec toutes ses misères. Les tabous sont souvent issus de relations spéciales entre des concepts invisibles, c'est pourquoi ces personnes doivent observer un nombre élevé d'interdits pour préserver leur éminence. On insistera surtout sur l'aspect mortifère, la souffrance, la menace et le deuil qui finissent par annuler toute possibilité d'affection. Le contact avec eux implique la soumission à des interdits. Celui qui a violé un tabou s'oppose aux idées...n'aura le choix que de s'exiler, au même titre que les meurtriers, les voleurs et les fugitifs. Il évitera par là d'attirer des mésaventures. Les comédiens expliquent le fond de la pièce, en dénonçant avec vigueur les inégalités dont souffrent ces peuples orphelins victimes des systèmes politiques. Leur marchandage, les pratiques quasi policières employées pour s'assurer de la bonne santé physique et morale de leur petit royaume. Les personnages ont rappelé la situation dans laquelle se trouvait la population, qui n'a pas cessé de se détériorer. Décision a donc été prise de parer à cette situation en prenant en considération le plan stratégique d'unification des forces sociales. C'est dans ce contexte que naquit l'intelligence de ces artistes, avec l'objectif clairement déclaré de mobiliser les consciences pour lutter contre ces maux sociaux et politiques.