Le spectre de l'abstention plane sur la présidentielle. Il alimente la crainte de tous les candidats. La présidentielle prévue au début du mois d'avril approche à grands pas. Les personnalités politiques, qui ont émis leur intention d'y participer, amorcent une véritable course contre la montre pour, d'un côté, rattraper une longue absence sur le terrain et de l'autre, pour mobiliser un électorat qui a infligé une sévère leçon à la classe politique lors des dernières législatives (en 2007). Si tout semble être préparé par les formations, (lettre d'intention de participation, retrait de formulaire de souscription, scellement d'alliance pour certains...), il n'en demeure pas moins que le spectre de l'abstention hante les acteurs politiques. Et pour cause, les chiffres des dernières législatives donnent froid dans le dos aux candidats qui craignent la répétition du scénario 2007. Ces chiffres (moins de 36% du taux de participation) attestent, selon les observateurs, la méfiance des Algériens vis-à-vis de la classe politique. Ils seraient, selon eux, des milliers à ne pas daigner s'inscrire sur les listes électorales. D'ailleurs, les citoyens ne viennent que timidement assister aux meetings qu'ils tiennent ici et là. Aussi, ces observateurs prévoient-ils un taux record d'abstention pour la prochaine présidentielle, notamment dans certaines régions du pays. La Kabylie n'y échappera certainement pas. Il est fort probable que cette région aille droit vers une relative abstention du moment que les deux formations qui y sont implantées, le FFS et le RCD, ne vont pas prendre part à cette joute électorale. La question que d'aucuns se posent est de savoir comment les «acteurs politiques» pourront-ils mobiliser les électeurs. Comment croire en des personnes qui ont hiberné des années entières avant de réapparaître pour appeler le peuple à voter? La rue nous donne les échos d'un désintérêt total de la population à la chose politique. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, est allée jusqu'à conditionner sa participation par la réunion de toutes les conditions à même de permettre aux citoyens d'aller voter. Elle suggère, comme solution à cette hantise, de redonner confiance au peuple en respectant son choix. Un point de vue partagé par Moussa Touati, président du Front national algérien (FNA). Ce dernier a imputé cette abstention aux partis politiques qui sont absents sur le terrain ainsi qu'au fait que les citoyens sont marginalisés et réprimés politiquement. Il ajoutera que les citoyens qui voient s'envoler les promesses faites par leurs élus lors des campagnes électorales n'ont plus confiance en leur «tutelle». Pour solution, notre interlocuteur soutiendra qu'il faut redonner le pouvoir au peuple et le sensibiliser sur les conséquences de l'abstention. «Nous au FNA, nous sommes en train de mener une campagne pour sensibiliser le citoyen sur ses droits civiques et constitutionnels et le convaincre d'aller à l'urne pour dire son mot et mettre fin à la hogra dont il fait l'objet», a-t-il souligné. Les partis de l'Alliance présidentielle sont eux, sur tous les fronts et ils comptent rallier le maximum d'électeurs à leur cause. L'administration, en revanche, prévoit son déploiement pour contrer cette abstention qui se profile à l'horizon. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales compte mobiliser des moyens drastiques pour venir au bout de ce spectre. Après l'opération «porte-à-porte» qui consiste en l'inscription sur les listes électorales de tous ceux qui ont changé de lieux de résidence, une autre campagne de sensibilisation qui s'étalera sur deux semaines, sera lancée durant la deuxième tranche du mois en cours.