L'année risque de ne pas être validée. Alger, 8 rue Hamani (ex-Charas), salle Le Capri. En cet après-midi de vendredi, le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) tient une conférence de presse dont l'ordre du jour est la poursuite de la grève déclenchée par ce syndicat le 11 mai dernier. Cette dernière, qui en est à sa quatrième semaine, amorce aujourd'hui un virage décisif à un mois de la fin de cette année universitaire qui risque de ne pas être validée. Les pouvoirs publics n'ont plus le luxe de faire la sourde oreille aux doléances du partenaire social. Ils n'ont plus de temps. L'heure des négociations aurait-elle sonné? Pour le moment les enseignants disent: «La grève continue. Nous irons jusqu'au bout. Nous réclamons des négociations avec les pouvoirs publics!» De son côté Kadour Chouicha de la coordination Cnes, de l'Ouest, déclare: «Nous sommes plus que jamais déterminés à bloquer l'université, la grève touche actuellement 250.000 étudiants c'est-à-dire la moitié de l'effectif estudiantin. Une grosse menace pèse sur les étudiants bacheliers qui risquent tout simplement de ne pas trouver leur place à l'université.» Si l'ex-ministre n'avait pas ouvert de négociations avec le Cnes, les enseignants du supérieur espèrent que le nouveau gouvernement aura à coeur d'appliquer la réglementation devant cette crise sans précédent qui affecte l'université algérienne. Si négociations il y a, les enseignants s'engagent à prendre en charge les intérêts de l'étudiant (remise à niveau pour aborder ensuite les examens). Ce sera là un point incontournable dans toute négociation future, promet-on. Si les membres du CNES réclament des pourparlers urgents, c'est qu'ils sont convaincus que leur mouvement fait mal. Rien qu'à l'USTHB (Université des Sciences et de la Technologie Houari-Boumediene de Bab-Ezzouar) quelques 15.000 étudiants voient leur cursus perturbé, ils sont en majorité en première et deuxième années de tronc commun. C'est dire le danger imminent qui menace les futurs bacheliers de la région Centre si le flux des étudiants venait à être bloqué. Quelle université pourra les accueillir? Car, après trois mois de grève pédagogique, les enseignants grévistes veulent maintenant peser sur l'acte de contrôle: «Si l'administration reste de marbre devant l'amputation des programmes de quatre mois, bien que 90% des enseignants aient terminé les leurs, nous restons maîtres des délibérations. Nous avons les actes entre les mains quitte à retomber dans le scénario de 1998.» Pour rappel, à cette date et après quatre mois de grève, il avait fallu actionner l'appareil judiciaire pour mettre fin au débrayage. A l'occasion de cette conférence de presse du Cnes, le coordinateur d'Alger a été évincé du syndicat pour avoir fait le jeu de l'administration et appelé illégalement au gel de la grève. Dans nos universités, jour après jour, les choses deviennent explosives. Nombreux sont les responsables d'administrations qui viennent de jeter l'éponge et qui appellent à la conciliation. En attendant, la grève continue.