Après la rencontre de Doha, Abdelaziz Bouteflika assistera, aujourd'hui, au premier Sommet économique et social. Un autre sommet. Les chefs d'Etat arabes se rencontrent aujourd'hui au Koweït. Les sommets se suivent et les résultats se ressemblent: les Palestiniens tombent chaque jour sous les bombardements de l'armée israélienne. Du Caire à Doha et au Koweït, aucune décision courageuse n'a été prise. Les ministres des Affaires étrangères réunis au Caire et au Koweït et les chefs d'Etat, réunis à Doha, se sont contentés de rédiger des communiqués de clôture appelant Tel-Aviv à un cessez-le-feu immédiat. Aucune décision courageuse, telle attendue par la rue arabe, n'y ressort sur cette question. Une chose est, néanmoins, confirmée par les organisateurs du Sommet d'aujourd'hui: Ghaza sera à l'ordre du jour sous le slogan «Sommet de solidarité avec Ghaza». Les chefs d'Etat arabes auront à approuver la proposition des ministres arabes des Affaires étrangères, adoptée vendredi dernier d'allouer une enveloppe de 2 milliards de dollars pour la reconstruction et le repeuplement de Ghaza. Il sera, également, question d'indemniser les victimes de l'agression israélienne. Au plan politique, il ne faut pas s'attendre à grand-chose. La rue arabe revendique de la part des chefs d'Etat l'utilisation de l'or noir comme arme dans ce conflit. Une sollicitation ignorée par les dirigeants arabes, notamment ceux des pays du Golfe. Ne pas toucher au pétrole, semblent dire ces monarchies. La rencontre d'aujourd'hui sera une occasion pour la Ligue arabe de se réconcilier avec elle-même. Le dernier «Sommet» de Doha a mis à nu la division des rangs arabes. Même les hauts responsables ont fini par l'admettre, mais aussi par l'annoncer publiquement. Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, reconnaît que «la Ligue arabe travaille dans une grande anarchie et la division des chefs d'Etat est flagrante». Ce dernier est allé encore plus loin. «Je suis pessimiste quant à l'avenir de l'action arabe.» Le Sommet d'aujourd'hui sera l'occasion, la dernière avant le grand naufrage, pour les chefs d'Etat de sauver les meubles. Outre la situation dans la bande de Ghaza et le conflit dans lequel sont plongés les chefs d'Etat arabes, la rencontre d'aujourd'hui permettra à ces derniers d'aborder, pour la première fois, l'ensemble de la question économique et sociale. Selon les organisateurs, les 22 dirigeants arabes y prendront part. L'Algérie sera représentée par le Président Abdelaziz Bouteflika. Une dizaine de projets y seront débattus par les dirigeants arabes. Il s'agit, entre autres, de la création d'un réseau ferroviaire devant relier les pays arabes, le développement et l'amélioration du système éducatif, la création d'une Union des Douanes arabes, la mise en place des mécanismes adéquats et nécessaires pour garantir la sécurité hydrique et la résorption du chômage. Il y a lieu d'ajouter les discussions qui porteront sur les conséquences de la crise mondiale. Ce Sommet a été précédé par plusieurs réunions d'experts et de ministres arabes des Finances et de l'Economie. Un Forum économique a été organisé hier et avant-hier au Koweït. Experts, hommes d'affaires et représentants de la société civile ont discuté de la crise financière mondiale et le rôle des entreprises financières arabes, le commerce, l'investissement et la sécurité alimentaire arabes et la politique agricole, l'énergie, le transport, les ressources en eau, l'environnement et les changements climatiques, l'enseignement et la recherche scientifique, la jeunesse, le chômage et l'immigration. Le pays organisateur précise, dans un communiqué rendu public, que ce Sommet arabe souligne la reconnaissance de la nation du co-organisateur de la nécessité de trouver des solutions équilibrées pour assurer un avenir socioéconomique durable pour le monde arabe. «...Compte tenu des défis qui prévalent, la crise financière mondiale, le manque mondial de nourriture et la crise de Ghaza, le Koweït reconnaît que toute stratégie pour notre avenir doit adopter une approche équilibrée, où toutes les forces socioéconomiques oeuvrent en commun pour maintenir un équilibre positif», a mentionné M.Mohammed Abdullah Abul Hassen, président du Comité d'information, également conseiller au Diwan de l'émir du Koweït. A noter que ce rendez-vous économique a été décidé lors du Sommet de Riyadh au cours duquel il a été demandé d'organiser un sommet arabe consacré aux affaires socioéconomiques et de développement.