L'opposition, dans son sens le plus noble, jouera son véritable rôle dans la future Assemblée. La coalition gouvernementale, car il y en aura une, comportera, outre le FLN, le RND et le MSP avec, accessoirement, des participations symboliques de partis tels l'ANR et le PRA. Ce sujet, au reste, mérite aussi que l'on s'y attarde. La nouvelle opposition, elle, sera formée par trois principaux partis, si l'on accepte le fait que les indépendants connaîtront, sans doute, une période de flottement avant de s'adapter et de se positionner enfin. Parmi ces trois partis, un seul manque cruellement de l'expérience nécessaire, le FNA. Mais, connaissant la verve de son leader, Moussa Touati, les interventions de ses huit députés seront, en quelque sorte, le sel des débats. Les critiques acerbes, bien souvent sans fondements, et surtout sans propositions de rechange, pleuvront dru sur les têtes des membres du futur gouvernement. La véritable opposition, en revanche, sera formée par le MRN et le PT. Ces deux partis ont émis des conditions très strictes pour accepter d'intégrer le gouvernement. Des conditions, semble-t-il, tellement placées en faux de la démarche du pouvoir qu'elles n'ont pu être satisfaites. Ces deux partis jouissent, chacun, d'une expérience solide avec une présence de cinq années au sein de la précédente APN. Il faut, en effet, souligner que les anciens députés d'Ennahda représentent l'âme du MRN comme ont eu à le prouver les urnes quelques années après le putsch de Adami. Le refus de ces deux partis d'intégrer la future coalition gouvernementale prouve bien qu'ils ont des idées bien ancrées et qu'ils sont porteurs de projets de société qui, pour antagonistes qu'ils soient, ne s'en rejoindront pas moins autour de leurs critiques, le plus souvent constructives, à l'adresse des actions et projets de lois gouvernementaux. Les critiques et propositions d'amendements de ces deux partis seront bien souvent fondées. Forts, à eux deux, de quelque 70 sièges durement et légalement gagnés, leurs interventions tiendront en haleine aussi bien l'hémicycle que les citoyens qui suivront les débats en direct à la télévision nationale. L'opposition, dans son sens le plus noble du terme, entrerait enfin en action. Une opposition jouant le rôle de garde-fou, de conscience, pour la majorité gouvernementale et la coalition gouvernementale. Une certaine complémentarité, comme il en existe dans toutes les démocraties séculaires du monde, se cristalliserait entre le pouvoir et son opposition pour le bien de tous. Les critiques vides de sens et ne visant qu'à mettre des bâtons dans les roues du pouvoir au détriment du citoyen ne devraient plus être de mise. De même que le rejet systématique par le pouvoir de tout ce qui vient de l'opposition ne devrait plus être à l'ordre du jour. En dépit de tout ce qui aura été dit et écrit sur le vote du 30 mai dernier, en dépit de la majorité absolue décrochée par un parti comme le FLN, en dépit de l'absence quasi inconsolable du FFS, du RCD et de la Kabylie, en dépit de tout cela, donc, il est permis de dire, sans grand risque de se tromper, qu'un nouveau pas vient d'être franchi en direction de la démocratie effective, telle que souhaitée par l'écrasante majorité des citoyens algériens.