Le meilleur de nos sports de ces dernières années, le plus efficace aussi, entre en crise. L'affaire concernant l'entraîneur de l'équipe nationale féminine de judo, Mohamed Bouhadou, qui a été empêché de prendre part à l'assemblée générale élective de la Fédération algérienne de judo et de se porter candidat à la présidence de cette instance, vient de prendre une tournure assez grave pour le sport algérien et sa crédibilité à l'échelle internationale. Dans une lettre adressée au ministre de la Jeunesse et des Sports, des athlètes des deux équipes nationales, messieurs et dames, de judo font part de «l'arrêt de toutes leurs activités tant que Mohamed Bouhadou n'est pas rétabli dans ses droits après avoir été empêché d'une manière injuste et non réglementaire de postuler lors de l'AG élective du samedi 31 janvier 2009.» La lettre est signée de Soraya Haddad, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Pékin et médaillée de bronze aux Mondiaux du Caire en 2005, Amar Benyekhlef, médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Pékin, 3 fois champion d'Afrique, Hassan Azzoun, champion d'Afique et 5e mondial, Sid Ali Zemmouri, champion d'Afrique par équipes et 5e mondial, Noureddine Yagoubi, 7 fois champion d'Afrique, vice-champion du monde militaire et 9e olympique, Omar Rebahi, 7 fois champion d'Afrique, champion méditerranéen et 5e mondial, Mohamed Bouaïchaoui, 8 fois champion d'Afrique, vice-champion méditerranéen et 9e mondial, Smaïl Guendouze, 3 fois champion d'Afrique par équipes et 5e mondial par équipes, Amar Belgacem, champion d'Afrique par équipes et 5e mondial par équipes, Mounir Benamadi, champion d'Afrique, 2 fois champion d'Afrique par équipes et 5e mondial, Kahina Hadid, 6 fois championne d'Afrique par équipes, Amina Temmar, championne d'Afrique junior et 5e mondial par équipes, Souhila Mancer, championne d'Afrique juniors et 5e mondial par équipes et Lila Latrous, 4 fois championne d'Afrique et 3e du championnat du monde universitaire. Cette affaire est particulièrement importante parce qu'elle touche les deux meilleures équipes nationales du sport algérien de ces dernières années ainsi que la discipline qui a ramené le plus de satisfaction au pays. C'est bien la première fois dans l'histoire du sport algérien que des internationaux se mettent en grève. Tout est parti lorsque Mohamed Bouhadou, entraîneur de l'équipe nationale féminine et vice-président de la ligue de wilaya de judo de Béjaïa a annoncé sa décision de se présenter à la présidence de la FAJ. «J'ai suivi la réglementation et obtenu mandat de la part du président de la LW de Béjaïa d'assister aux travaux de l'assemblée générale de la FAJ, nous a dit un Bouhadou qui donnait l'impression que le ciel venait de lui tomber sur la tête. Ce mandatement date du 25 janvier et le 26 il a reçu l'aval du DJS de Béjaïa. Mais le lendemain, il y a eu un retournement de situation car ce monsieur a fait savoir au président de la LW qu'il annulait son agrément. Il argumentait cela par le fait que je suis en détachement dans le cadre de la coopération au Qatar. Ce qui est complètement faux puisque ce détachement a duré deux années à savoir d'avril 2006 à avril 2008. La preuve que je suis rentré, a été donnée par l'assemblée générale élective de la LW de Béjaïa en septembre 2008, où je fus élu vice-président en présence de représentants de la DJS. Si je suis resté entraîneur au Qatar, ce le fut à titre personnel et non parce que j'étais en détachement comme le prétend ce DJS. Pourquoi, d'ailleurs, n'avait-il pas refusé mon élection à la LW?» Bouhadou affirme n'avoir jamais quitté l'EN. «Lisez la liste de la délégation algérienne aux Jeux olympiques de Pékin en août dernier et vous verrez qui était entraîneur de l'équipe nationale féminine. C'était moi. C'était moi qui était au bord du tatami lorsque Soraya Haddad a obtenu sa médaille de bronze. Pourquoi, aujourd'hui, me refuse-t-on de postuler pour la présidence de la FAJ? Pourquoi lorsque la FAJ a adressé une liste d'experts, à la demande du MJS, pour participer à l'AG élective, ce MJS n'a retenu aucun nom dont le mien? Je ne prétends pas être au-dessus de la mêlée mais je pense que, par mon expérience, j'ai, tout de même, des connaissances dans le judo. Expliquez-moi aussi comment un expert connu du judo, 6e dan, s'est retrouvé dans une liste du volley- ball, un sport qu'il n'a jamais pratiqué?» Bouhadou est particulièrement dépité par ce qui lui arrive. «Demandez aux athlètes des deux équipes nationales. Je ne suis pas seulement l'entraîneur de Soraya Hadddad. Tous les autres athlètes, filles et garçons, je les ai eus sous ma coupe durant des années. Quand j'étais au Qatar, j'ai réussi à faire inviter, avec prise en charge complète, pour des stages, les équipes nationales filles et garçons, l'équipe nationale cadette et deux fois l'équipe du judo club d'El Kseur. Si ce n'est pas aider le judo algérien et celui de la wilaya de Béjaïa, je me demande ce que c'est.» La déception de Mohamed Bouhadou s'est amplifiée lorsqu'il a reçu une correspondance du directeur des sports du MJS qui lui fait savoir que son recours a reçu un avis défavorable de la part de la commission de suivi de renouvellement des instances sportives. «Tout cela est faux. Je n'ai à aucun moment formulé de recours. Si ce monsieur dit qu'il a une lettre signée par moi qu'il la montre. Elle n'existe pas et on l'invente pour brouiller les pistes. Je n'ai pas fait de recours parce que dans mon esprit ma candidature ne souffrait d'aucune équivoque. Je faisais bien partie de la liste des trois candidats à la présidence de la FAJ. Cette commission, dans laquelle siège un représentant du MJS, n'a pas accepté le refus du DJS de Béjaïa de me laisser participer à l'AG élective et aujourd'hui, le directeur des sports me parle d'un recours fictif de ma part auprès de cette même structure.» Mohamed Bouhadou semble décidé à se battre. «On a touché à ma dignité et à mon droit de citoyen algérien. Croyez-moi je ne vais pas m'arrêter. J'ai pris la décision de saisir les tribunaux et de porter plainte contre le DJS de Béjaïa et le directeur des sports du MJS parce qu'ils ont menti à mon sujet. Il faut que justice me soit rendue car c'est de la pure hogra que je viens de subir. Je crois que j'ai suffisamment donné au judo algérien pour mériter un sort moins humiliant. Il faut que l'opinion publique algérienne sache ce qui m'est arrivé.»