Pratiquement, toutes les katibet activant au centre du pays ont été décimées par les forces de sécurité chargées de la lutte antiterroriste. La présence en ville du plus recherché des sanguinaires de l'ex-Gspc, Bentitraoui Omar alias Abou Khitma Yahia, lui a été fatale. Il a été abattu, mercredi vers 21 heures, par les forces spéciales de l'armée devant un restaurant situé entre deux barrages fixes de la police et non loin du quartier dit Alelliguia. Quand il était venu à bord d'un véhicule de type Peugeot 404 bâchée, apparemment pour repartir avec du poulet rôti au restaurant du coin de l'artère principale de la ville de Boumerdès, il était loin de suspecter sa filature par les éléments de la force spéciale. L'utilisation très avisée du renseignement par les services de sécurité a porté réellement ses fruits. Bien cerné, l'émir du Gspc s'est fait cueillir à chaud et il a eu à peine le temps de riposter hasardeusement. Le terroriste en question est âgé de près de 40 ans, il a pris le chemin du maquis à l'âge de 16 ans en 1993 pour se faire enrôler, à l'image de son frère Rachid comme «gholam» du GIA (Groupes islamiques armés) avant de rejoindre le Gspc dirigé par l'émir Hassan Hattab, alors émir national. Omar Bentitraoui a été condamné à plusieurs reprises par la justice dont la dernière en date à la peine capitale prononcée en juillet 2008 par le tribunal criminel de Boumerdès dans l'affaire du double attentat à la bombe contre le commissariat de cette ville en février 2007 et l'attaque du poste de surveillance de la Gendarmerie nationale à la plage de Reghaia. Avec la mort d'Abou Khitma Yahia, le Gspc vient de perdre son deuxième émir en moins d'une semaine. Depuis mercredi dernier, un autre chef du Gspc, Bentouati Ali, alias Abou Tamim, qui était à la tête de l'autre phalange Al Ansar, est entre les mains des services de sécurité. Reddition ou arrestation, le Gspc a finalement touché le fond. Parqué dans ses caches, il encaisse les coups durs que lui assènent les services de sécurité. Pratiquement toutes les katibet activant au centre du pays ont été décimées, à commencer par El Arkam dont le chef, dénommé Youcef Khelifi alias Talha, a été éliminé durant l'été dernier à Souk El Had. Celui d'Ansar s'est rendu récemment à Tizi Ouzou; le chef d'El Feth a été abattu le week-end dernier. L'émir de Beni Amrane, Bouzegza Abderahmane a subi le même sort. Cela sans omettre que Saioud Samir, numéro 2 de l'ex-Gspc et ses acolytes Saâdaoui Abdelhamid alias Abou El Haïthem chargé des relations extérieures, Ali Eddis, Abou Dahdah de la katibet Al Farouk et beaucoup d'autres occupant des postes clés et intermédiaires ont été soit capturés, soit mis hors d'état de nuire ces trois dernières années. Des sources sécuritaires affirment qu'une cinquantaine de terroristes de la katibet Ennour et ceux du groupe de Timezrit sont en stand-by au niveau de leur dernier retranchement à Sidi Ali Bounab. C'est dire la descente aux enfers à laquelle est parvenu l'ex-Gspc. Pour rappel, les frères Bentitraoui tenaient d'une main de fer le groupe d'El Feth regroupant les activistes des seriates de Tidjelabine, Corso, Boudouaou, Réghaïa et Alger-Plage. La liste des attentats commis par les ouailles de Droukdel est longue. Ils ont ciblé particulièrement les alentours du marché des véhicules de Tidjelabine et l'Office national des explosifs où ils ont fait des dizaines de victimes. L'attentat le plus récent est celui perpétré à Réghaïa et Derguana à l'aide d'un camion piégé en faisant 3 morts dont une femme et 24 blessés. Toutefois même si Al Qaîda au Maghreb islamique se targue d'avoir une vingtaine de kamikazes - en réalité 2 tout au plus - prêts à passer à l'action, il n'en demeure pas moins que de l'avis de nombreux observateurs très au fait de la lutte antiterroriste, Droukdel très contesté par ces pairs serait sur le point d'être écarté de la tête d'Aqmi. Il faut dire aussi que selon une source fiable, si pendant les années de braise, on a pratiquement après chaque arrestation 15 nouvelles recrues, actuellement la tendance s'est inversée puisque pour autant d'arrestations ou de capturés on a à peine 2 nouvelles recrues. Par ailleurs, il convient de rappeler que le coup le plus spectaculaire a été réalisé la semaine dernière où un stock de pas moins de 500 kg de TNT et 600 kilos d'acide nitrique a été récupéré par l'ANP. Un coup dur assené à AQMI puisqu'il y a là de quoi bourrer plus de 1500 ceintures explosives et autant de voitures piégées.