Salem Zenia a choisi un chemin extrêmement sinueux pour mener à sa manière, son combat pour la langue berbère. Cet écrivain, très réservé, semble suivre les traces d'un autre romancier kabyle, Amar Mezdad, pour la bonne et simple raison qu'ils ont, tous deux, choisi d'évoluer loin des médias. Un choix qui finit par porter ses fruits parce que plus les journaux parlent d'un écrivain, moins ce dernier est prolifique, constate-t-on. En tout cas, cette règle s'applique aux deux romanciers cités plus haut. Salem Zenia a une bibliographie relativement riche. Il est auteur de deux romans: «Tafrara» (1995) et «Ighil d wefru» (2002). Il a aussi publié trois recueils de poésie: «Tirga n Yidir» (1993), «Tifeswin» (2005) et «Itij aderghal» (2008). Sa nouveauté est un livre de 170 pages publié par la maison d'édition l'Odyssée dont le siège social est à Tizi Ouzou et dirigée par Ali Oubellil. Ce dernier, dans le souci d'apporter sa touche à l'édition en tamazight, qui souffre énormément, a décidé de lancer une collection dédiée à la langue maternelle de millions d'Algériens. La collection est intitulée: «Aru: Etudes et textes amazighs». Cette même maison d'édition a déjà mis sur le marché des titres importants en berbère comme «Florilège de la poésie kabyle» du brillant auteur Boualem Rabia et par ailleurs professeur de français dans un lycée à Azazga. Les éditions Odyssée ont aussi édité plusieurs livres du musicien Shamy, ancien du groupe Abranis, de son vrai nom Abdelkader Chemini. La publication du livre de Salem Zenia ne fait qu'honorer la maison d'édition de Ali Oubellil, car Zenia est loin d'être un écrivain quelconque. Dans un milieu hostile, il a pu mener son petit bonhomme de chemin avec une persévérance digne des montagnards d'antan. Salem Zenia a obtenu, en 2005, le Prix du meilleur roman en tamazight, décerné par la Bibliothèque nationale. Son avant-dernier livre a été édité à Barcelone. Il a obtenu un autre prix pour ses écrits en langue berbère, décerné cette fois-ci à Paris en juin 2005. Avant de se lancer dans l'écriture, Salem Zenia a eu une expérience enrichissante en travaillant dans l'hebdomadaire régional Le Pays-Tamurt, édité à Tizi Ouzou dans les années quatre-vingt-dix. Puis il lance, en compagnie d'un autre journaliste, Moh Si Belkacem, un journal bilingue, français-amazigh Racine-Izuran, en 1998. Mais parce que cette publication n'avait pas de publicité, elle a dû mettre la clé sous le paillasson. Dans son livre, «Yella zik-nni», Salem Zenia propose pas moins de vingt-cinq contes anciens que le lecteur peut découvrir avec délectation.