En dépit des sommes importantes dépensées pour la relance économique, elle n'est toujours pas au rendez-vous. Des chiffres accablants et des observations alarmantes étaient, hier, à l'affiche de la session du Conseil économique et social. Des barrières législatives et juridiques bloquent encore le décollage de l'économie nationale. Première victime: la PME-PMI et, par voie de conséquence, le monde du travail, l'emploi et le pouvoir d'achat. N'était le plan de relance économique intervenu à temps pour amortir le choc, les choses auraient été plus catastrophiques. C'est ce qu'a affirmé le président du Cnes, M.Mentouri, dans son discours: «Le plan de relance économique soulève beaucoup d'espoir (...) Ce plan a pour principale vertu de venir briser le cercle de la fatalité dans lequel se consumait l'économie nationale». Mais en attendant des résultats confirmant l'optimisme de M.Mentouri, il faut une véritable volonté pour dégripper la machine économique algérienne. Sur le plan social, déjà marqué par un traumatisme social et des foyers de tension alimentés, le chômage a fini par prendre des allures endémiques sur fond d'injustice et de détérioration des oeuvres sociales. Bref, le Cnes qualifie la situation de tendue tant sur le plan social qu'économique. Un front social marqué par «la multiplication de la contestation due à la conjoncture» et de l'autre une sorte de léthargie qui entrave une bonne marche pour la petite et moyenne entreprises ainsi que des contraintes qui se sont soldées par un taux de croissance plus faible que prévu. «Pendant près de deux décennies, l'économie nationale a connu un taux de croissance de 6% par an. Depuis 1985, ce taux est passé à 1,5%. Compte tenu de la croissance démographique, la pauvreté a connu une recrudescence jamais égalée depuis l'indépendance.» S'agissant de la PME-PMI, et malgré les nombreuses facilités octroyées, ce secteur fait face à des difficultés qui ont tendance, selon les termes du rapport, à se transformer en obstacles structurels. Une rigidité commerciale et administrative due à la faiblesse des instruments d'accompagnement rend l'environnement économique insoutenable. Le rapport met en exergue des exemples éloquents confirmant les déclarations du Président de la République lors de ses dernières sorties médiatiques. Bien que le rapport se passe de commentaires, il situe les sphères du blocage juridico-administratif dans le secteur de la PME-PMI. «L'environnement économique est marqué par une faible croissance globale due à des problèmes qui ont contribué à réduire le développement de la PME-PMI», lit-on dans le rapport qui met en relief «une insuffisante visibilité économique due essentiellement à la réglementation, à l'absence de politique de formation pour les managers qui gèrent à la traditionnelle, et surtout à la difficulté d'accéder à la propriété foncière en particulier dans les zones industrielles». Sur ce chapitre, les chiffres sont encore plus alarmants. En effet, sur les 173 zones industrielles, 20 seulement répondent aux normes. Cela explique, bien entendu, l'anarchie qui ronge le foncier. Le Cnes relève sur le chapitre foncier, un fait pour le moins troublant : le foncier est régi par un grand nombre de textes complexes, avec de multiples intervenants sans pouvoir de décision réel. Cela étant, la bonne préservation s'est transformée en une dilapidation et des bradages à tous les niveaux. Il est à noter, aussi, la pression fiscale qui pèse sur la petite et moyenne entreprises en Algérie. Ce dossier constituera l'une des priorités du gouvernement Benflis. Par ailleurs, la part de l'investissement dans la dépense publique a été ramenée de 34% du PIB avant 1980 à 14% en 86 et à moins de 6 % actuellement. Ce taux, à en croire les expertises du Cnes, ne peut être augmenté de façon significative qu'à travers le développement de la PME-PMI qui constitue une véritable source de richesses. Pour la santé financière du pays, le Cnes a relevé en matière de dépendance financière de l'Algérie que l'évolution de la dette extérieure est révélatrice de la propension croissante à recourir au marché international des capitaux. En revanche, l'investissement pour l'année 2000-2001 restera, selon le Cnes, globalement positif.