Les cinq prochaines années s'annoncent comme particulièrement délicates pour le président de la République qui sera élu le 9 avril. S'il ne fait aucun doute que le tandem Bouteflika-Ouyahia sera reconduit en cas de victoire plus que probable du président sortant, il est pratiquement certain que le troisième mandat de Abdelaziz Bouteflika sera celui de tous les défis. Objectivement, l'Algérie dispose des moyens nécessaires qui peuvent et doivent la sortir du retard considérable qu'accuse son économie. Surtout cette dépendance aux allures endémiques et inquiétantes qu'elle affiche vis-à-vis de ses exportations en hydrocarbures. Elle repose sur un matelas financier estimé à quelque 140 milliards de dollars, dû essentiellement à un prix du baril de pétrole qui a atteint des sommets historiques durant l'année 2008, 147 dollars au mois de juillet de la même année. Ce qui la place sur la plus haute marche du podium au niveau du monde arabe. Cette fabuleuse manne financière lui est enviée par les grands pays industrialisés de l'ensemble de la planète dont les économies sont rongées par une crise financière internationale sans précédent, qui n'aurait de semblable que celle de 1929. L'économie mondiale est donc entrée dans une récession qui vient de tout juste commencer ses ravages. Fermetures d'usines, faillites d'établissements financiers, licenciements et chômage plongent des millions d'êtres humains dans le désarroi et la pauvreté. Les économies des pays développés affichent désormais des dettes publiques dont les montants se chiffrent en centaines de milliards d'euros. Et c'est paradoxalement là, que se situe le problème de l'économie nationale qui bénéficie non seulement d'une embellie financière historique mais surtout d'un contexte extraordinairement assaini. La dette extérieure algérienne peut désormais être considérée comme négligeable. 4,5 milliards de dollars. Malgré cela ça coince; ça grince. Le secteur économique productif a du mal à prendre son envol. Et pour cause. Il demeure encore à l'état embryonnaire. Le principal handicap de l'économie algérienne, qui entrave son décollage, réside dans l'absence d'une économie productive. Une économie créatrice de richesses. Elle se distingue, en effet, par une étroite dépendance vis-à-vis du secteur des hydrocarbures. Ce qui l'a très justement affublée du peu glorieux qualificatif d'économie rentière ou monoexportatrice. Le constat peut revêtir un caractère trivial s'il ne cachait une triste réalité, cruelle et amère. Ses conséquences sur le quotidien des citoyens est d'une nocivité redoutable. Spéculations en tout genre, passe-droits, corruption et bureaucratie ont pris racine et se sont développés dans ce terreau qui a favorisé l'émergence d'un environnement malsain. Un type d'économie qui encourage le gain facile à l'instar de l'import-import. Une activité commerciale qui n'a d'autre objectif que l'enrichissement personnel, comme l'a justement souligné le président de la République. Après s'être attaqué avec succès au douloureux chapitre de la Réconciliation nationale, conséquence de plus d'une décennie d'un terrorisme aveugle qui, bien qu'il ait été considérablement réduit à des poches de résistance éclatées et résiduelles, n'en demeure pas moins nocif, Abdelaziz Bouteflika n'a cessé de dénoncer cette autre malédiction qui frappe et pénalise l'économie algérienne et par ricochet inévitable, l'ensemble des couches sociales algériennes: la corruption. Le chef de l'Etat qui s'est engagé à mettre sur la table 150 milliards de dollars pour mener à bien son programme de développement économique qui devrait générer quelque 3 millions d'emplois, veut faire coup double en réduisant à sa plus simple expression le problème du chômage. Il pourrait réussir un troisième mandat d'exception et de toute beauté si cet objectif à portée de main venait à être atteint. Fléaux qui rongent les forces vives de la nation, la jeunesse et les nouveaux diplômés, les problèmes de l'emploi et du logement sont les priorités du candidat Bouteflika qui brigue la magistrature suprême pour la troisième fois. Il pourrait se réconcilier formidablement avec cette frange de la population appelée communément «harraga» en lui offrant des conditions de vie dignes dans cette Algérie qui devrait nécessairement changer de peau pour mettre fin à ce phénomène qualifié de tragédie nationale par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. Des mots simples qui pourraient sensibiliser une jeunesse algérienne, blasée par des promesses non tenues de responsables qui ont décidé de jeter l'éponge, à se rendre massivement aux urnes le 9 avril prochain.