Comment peut-on expliquer la perpétuation des réseaux urbains à Alger? Selon le chef de la 1re Région militaire, le général-major Fodil Chérif, les terroristes activant à Alger sont au nombre de trois. Il s'agit, selon l'officier supérieur, du même groupe qui a attaqué le Tennis-Club, un bar-restaurant à Zéralda sur la côte ouest de la capitale, le mercredi 6 septembre 2001, à 22h 30. Le bilan de cette opération s'élevait à cinq personnes assassinées et onze blessées. A quelques centaines de mètres du lieu du crime, et vingt minutes avant l'attaque, les gendarmes découvraient les corps mutilés d'un couple à bord d'un véhicule. L'attentat était intervenu 24 heures après que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc) eut démenti, dans un communiqué signé le 5 septembre par son chef Hassan Hattab diffusé sur Internet et largement repris par la presse, sa responsabilité dans l'attentat à la bombe qui, le 29 août, avait secoué l'ex-rue de Chartres, dans la Basse-Casbah à Alger, faisant des dizaines de blessés. Sur les cinq membres du commando ayant ciblé le Tennis-Club, l'un aurait été abattu, selon Fodil Cherif, sur les lieux de l'attaque alors qu'un autre a été éliminé lors de l'opération qui a fait tomber Zouabri à Boufarik le 7 février 2002. L'artificier d'Alger devait être abattu, lui aussi, lors de la même opération. Il n'en reste, donc, que trois qui continuent, selon la logique du général-major, de semer la terreur à Alger. L'enquête menée par la Brigade mobile de la police judiciaire locale et par la Gendarmerie n'a pas encore donné toutes ses conclusions. La preuve, les empreintes recueillies sur les serviettes de bain des terroristes, utilisées pour cacher leurs kalachnikovs à l'entrée du Tennis-Club et abandonnées sur place, n'ont révélé aucune piste. Sur les photographies de suspects fichés par les services de sécurité, Redouane, un des survivants à l'attaque, n'a reconnu aucun des tireurs. Ces assaillants donc ne figurent pas au fichier des services de sécurité. Les terroristes, selon le commandant de la 1re Région militaire, se déplaceraient en bus. «C'est en voiture que le commando a rejoint les lieux. A travers la palissade, j'ai vu une voiture de marque Renault 19 avec 4 personnes à bord se diriger vers le parking et revenir vide», confiait Redouane, l'un des survivants de l'attaque du Tennis-Club. Lors de l'assassinat des deux adolescents le 21 avril près du Champ de manoeuvre à Alger, des témoins oculaires attestent que les deux tueurs sont descendus d'une Renault Megane de couleur blanche. Le 14 mai, les assassins des deux motards à Dely Ibrahim, selon des témoins sur place, sont descendus d'une voiture et, leur forfait accompli, sont repartis à bord d'une autre. Après l'attaque de Khraïssia, avant-hier, le repli des terroristes s'est effectué par voiture, par route. Khraïssia se trouvant enclavée entre cinq bourgades, à savoir Mahelma, Draria, Birtouta, Shaoula et Douera. Comment se fait-il que les assaillants qui ont frappé avant-hier à Khraïssia étaient bien armés, se permettant même de se déplacer d'un hameau à un autre en toute quiétude et communiquant entre eux à l'aide de balles traçantes? Comment peut-on parler de «poches terroristes» alors que les opérations des tueurs semblent être planifiées dans un centre de coordination quelque part dans les monts de Médéa? Pourquoi les artisans de la lutte antiterroriste ne réalisent pas de plans à longue durée pour traquer les groupes armés épars? Comment peut-on expliquer la perpétuation des réseaux urbains à Alger alors que cette menace avait été éradiqué vers la fin des années 90? En attendant, le «groupe d'Alger», urbain, bien armé et restreint semble promettre un été des plus meurtriers.