Ce commando itinérant a fait couler beaucoup d'encre et de sang. Le 21 juillet, un présumé terroriste a été «neutralisé» à La Casbah d'Alger. Des armes ont été récupérées, selon des sources officielles. On ne connaît pas l'identité de cet homme. Le 9 août, les autorités projettent une cassette vidéo sur les «aveux» d'un groupe de 14 personnes arrêtées début août et présentées comme étant «le groupe d'Alger affilié au GIA». Selon la version du gouvernement, ce groupe est responsable de l'ensemble des 23 attentats, tous modes opératoires confondus, commis dans l'Algérois entre le 24 août 2001 et le 5 juillet 2002. Le 11 août, les médias officiels et la presse privée ont annoncé l'arrestation de deux autres membres de ce groupe dans le quartier de Bab Azzoun à Alger. Il s'agirait de Rachid Kerkar, dit Farid, et de Mohamed Seddouki, dit Abdelkader «Rougi». «L'émir» du groupe de la capitale, Farid Bechroul, connu aussi sous le nom de Khaled El-Fermèche, et le mystérieux Mehdi Chemessedine, évoqué dans les aveux du groupe arrêté, courent toujours, d'après les indications des services de sécurité. Selon des informations concordantes, parmi le groupe d'Alger présenté à la presse et aux représentants du corps diplomatique, seul Mohamed Aouar dit El-Barrâ reste un illustre inconnu. Pourtant, ce serait lui la véritable machine à tuer. Ces «aveux» laissent à penser qu'il a tué près de 1000 personnes depuis 1994! «Tous les membres étaient probablement en contact entre eux, mais ce Aouar...inconnu au bataillon», affirme notre source. Le groupe d'Alger a fait couler beaucoup d'encre et de sang. Avant de s'en tenir à un mutisme organique, le chef de la 1re Région militaire, le général-major Fodil Chérif a déclaré, le 15 juin, après l'attentat de Khraïssiya à l'ouest d'Alger, que ce groupe «était constitué de cinq individus, à présent ils ne sont plus que trois» et d'ajouter qu'il s'agissait «du groupe qui est à l'origine de l'attentat commis il y a quelques mois (septembre 2001) dans un centre touristique à Zéralda (mitraillage au restaurant Tennis Club, 5 morts). L'un de ces terroristes est tombé sur place, l'autre a été éliminé un peu plus tard à Boufarik.» Quelque temps après, début juillet, c'est le patron de la police qui déclare, à la suite de la vague d'attentats dans la capitale: «Il est vrai que quelques terroristes se sont manifestés ces derniers jours, mais on va certainement liquider le problème. Celui qui surgira concerne la nouvelle criminalité organisée qui rackette les commerçants et qui n'a rien à voir avec le terrorisme.» Son analyse se résume ainsi: «Il reste quelques égarés qui continuent de tuer pour de l'argent, mais il n'y en a pas beaucoup. Nombreux sont ceux qui se sont rabattus sur le crime organisé.» Selon lui, les tueurs d'Alger, «très jeunes, ont besoin d'armes et on en saura plus lorsqu'ils seront arrêtés.» Le groupe arrêté dit exactement le contraire de ces affirmations. A la même période, la presse privée se fait l'écho de la circulation d'un tract signé par «le comité d'information de Katibat Al-Ahrar», ou phalange des libres. Cet écrit «subversif» aurait été placardé et/ou distribué à La Casbah, à Bab El-Oued, à Belcourt, à Hydra et à Ben Aknoun et promettait feu et sang à la capitale. Des journalistes ont affirmé l'avoir vu et lu en évoquant les services de sécurité comme étant la source de l'information. Aucun démenti de la part de ces services. On se rappelle l'information donnée par la presse en 1994 évoquant une organisation clandestine, l'Ojal, Organisation de la jeunesse algérienne libre, qui se voulait antiterroriste et anti-intégriste. Quelques «Unes» des assassinats de citoyens suspectés de soutenir les terroristes et puis plus rien. Ensevelie sous la poussée de l'actualité. Alors, Al-ahrar et l'Ojal même combat? Brouiller les cartes est aussi une arme de guerre.