«La crise financière nous touchera, si j'en sais, le baril de pétrole est à 44 ou 45 dollars, ceci veut dire que les recettes sont moindres que celles qui l'ont été.» «La stratégie industrielle a fait beaucoup plus l'objet de communication que d'action et n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres», c'est ce qu'a affirmé M.Ouyahia hier sur les ondes de la Radio nationale. Le Premier ministre n'a pas caressé dans le sens du poil certains hauts décideurs de l'économie nationale: «Chaque équipe a son style, et je n'ai pas pour style de faire de la propagande.» Dans ce sillage, l'invité de la Radio a cité l'ouverture du capital (pourtant elle marchait bien) de l'Entreprise nationale de gaz industriel (Engi) pour les Allemands à raison de 66%! Ce dernier a décidé de ne pas investir et de devenir un maître à bord de l'entreprise pour importer le produit que l'entreprise exporte déjà en Tunisie. «Ce qui m'effraie c'est que l'Etat a deux cadres qui siègent dans le Conseil d'administration au nom de ces 34% qui se contentent de percevoir - uniquement de percevoir - leurs salaires», déplore M. Ouyahia. A travers cet exemple, le Premier ministre dénonce toutes les incohérences. «Notre pays a besoin du savoir-faire allemand pour cette entreprise, pas de son argent.» Dans ce contexte, il a affirmé que la stratégie industrielle «doit désormais être adaptée au papier millimétré que sont les mesures prises par le chef de l'Etat que j'ai commencé à mettre en oeuvre». M.Ouyahia a souligné, par ailleurs, que la logique économique obéit à une «seule sélection qui se résume au plan de charge». Pour le Premier ministre, les secteurs sélectifs en Algérie sont les secteurs du bâtiment, des travaux publics, ferroviaire, mécanique et même le médicament. M.Ouyahia a évoqué également la crise financière qui est devenue une évidence qui va toucher l'Algérie. «Bien sûr, la crise financière nous touchera, si j'en sais, le baril de pétrole est à 44 ou 45 dollars, ceci veut dire que les recettes sont moindres que celles qui l'ont été», a-t-il expliqué. Devant les données désastreuses de la crise financière mondiale, est-ce que l'Algérie a les capacités d'aller de l'avant dans le cadre de la relance économique décidée par le président de la République? M.Ouyahia a affirmé que certains chapitres dans le programme de développement seront financés en dinars algériens. Donc, il y aura moins de ponctions sur les recettes pétrolières du Trésor national. Selon M.Ouyahia, il est temps de passer à une politique rationnelle et le président de la République a déjà exprimé son voeu de s'éloigner du gaspillage et de mener une politique de dépenses rationnelles et raisonnables. «Nous avons un système riche, heureusement que nous nous sommes réveillés maintenant, car nous avons du pétrole et du gaz, nous avons des réserves, des réserves en change.» Concernant la démarche économique, lancée par le président de la République, Ouyahia déclare qu'elle représente un affinement de tir et non pas sa rectification. «Nous sommes toujours inscrits dans une démarche de l'économie de marché. C'est irréversible. Nous avons des engagements internationaux», a-t-il déclaré. L'ouverture tous azimuts, en partenariat, en ouverture du capital, doit se faire avec prudence. Construire une stratégie selon le Premier ministre, c'est réunir les conditions nécessaires pour que ce qui a été investi ne soit pas perdu. «Il y a un constat socioéconomique à faire dans ce pays», a-t-il poursuivi, affirmant que «le secteur privé est porteur de beaucoup d'espoir en Algérie et doit se développer culturellement et structurellement». Il a souligné que des mesures ont été mises en oeuvre pour la modernisation de toutes les entreprises publiques fiables dans le secteur du bâtiment, des travaux publics, l'agriculture et l'hydraulique, précisant que ces mesures sont appliquées depuis décembre dernier.