Décidément, c'est le monde à l'envers et vivement la fin de ce tournoi. A ce rythme de la cadence des surprises, les cardiaques risquent d'en payer le prix. Après le champion du monde en titre, la France, l'Argentine, l'Uruguay et le Portugal, c'est au tour de la Squadra Azzura de faire les frais des petites nations du football. Décidément il n'y a plus de respect pour les anciens champions du monde. Qui l'eût cru en début du tournoi? La Corée du Sud réussit l'exploit d'éliminer l'Italie sur un but en or de Ahn, à trois minutes de la fin des prolongations. Il a également marqué le troisième but en or de l'histoire de la Coupe du monde, après celui du Français Laurent Blanc contre le Paraguay en 1998 (1-0), et celui de Henri Camara pour le Sénégal face à la Suède cette année, également en 8es de finale (2-1). La Corée du Sud jouera donc les quarts de finale de la Coupe du monde. Elle y affrontera l'Espagne pour une place dans le dernier carré. Ce résultat insensé, les Coréens l'ont obtenu à force de courage et d'abnégation face à une formation italienne qui s'est peut-être crue trop tôt qualifiée, même si les conditions de cette défaite n'ont pas fini de faire parler de l'autre côté des Alpes. Sacrément inattendu! Alors que ces quatre, dits grands, rentrent chez eux, quatre intrus viennent de prendre leur place dans la cour des seigneurs. Heureusement que le Brésil, l'Allemagne et l'Angleterre, trois anciens champions qui pèsent ensemble huit trophées et de l'éternel outsider l'Espagne sont encore là. C'est comme un petit air de mondialisation qui souffle sur ce premier Mondial asiatique. Les cinq confédérations sont représentée aux quarts de finale avec une certaine mainmise de l'Europe. Une mainmise que les continents européen et sud-américain ont tendance à perdre à l'issue des ces huitièmes de finale. Les qualifications de la Corée du Sud, au détriment de l'Italie, et du Sénégal, contre la Suède, confirment, en effet, le nivellement des valeurs et l'élargissement de l'élite qui caractérisent cette surprenante Coupe du monde. Dans le jeu de la chasse aux favoris, une fois de plus l'Angleterre est l'exception qui confirme la règle. Les Anglais se sont qualifiés facilement, avec l'art et la manière, (3-0) aux dépens des Danois méconnaissables et dociles et qui avaient pourtant éliminé les champions du monde en titre. En revanche, tous les autres favoris ont souffert. Même le Brésil a été longtemps à la peine contre la Belgique avant de trouver deux fois la solution grâce à ses étonnantes individualités. Les Rivaldo, Ronaldo, qui a fait le pari de marquer au moins un but à chacun de ses matches, Ronaldinho et même Denilson ne sont pas sans faire penser aux Pelé, Tostao, Jairzino et Carlos Alberto de l'inoubliable équipe de 1950. Et justement, l'Angleterre et le Brésil se retrouveront en quarts de finale, 32 ans après la victoire brésilienne (1-0) en match de poule. L'Allemagne, de son côté, est toujours là. Qualifiée de justesse pour le Mondial, privée de plusieurs titulaires blessés avant la publication de sa liste des 23, et de trois joueurs à vocation défensive suspendus avant le match contre le Paraguay (1-0), les Allemands ont assuré le service minimum. Avant son quart de finale inédit contre les Etats-Unis. Les hommes de Bruce Arena ont, en effet, complètement jugulé la créativité des Mexicains pour s'imposer sur deux contres rondement menés (2-0) et remporter ainsi leur premier match à élimination directe de leur histoire en phase finale. Solides, en pleine condition physique, les Américains sont les derniers représentants du football de la Concacaf. Pour sa part, l'Espagne a dû passer par l'éprouvante série des tirs au but pour venir à bout d'une tenace formation irlandaise. Heureusement pour le futur retraité Fernando Hierro, son coéquipier du Real Madrid, Iker Casillas, était toujours en état de grâce, sur sa lancée de la finale de la Ligue des champions. Pour espérer rejoindre dans l'histoire la génération de 1950, les Espagnols devront auparavant se frotter à une étonnante formation coréenne, portée par tout un pays. L'autre coorganisateur, le Japon, n'a pas eu la même chance contre la Turquie. Leur quart de finale contre une étonnante formation sénégalaise, qui égale la meilleure performance africaine (Cameroun) pour sa première participation en sortant la Suède, pourtant classée première du «groupe de la mort», s'inscrit en droite ligne d'un Mondial atypique où il ne fait pas bon d'être favoris.