Pour le coup d'envoi officiel de sa campagne, Mohamed Saïd a su faire passer son message d'espoir. Inexistence de l'Etat, gestion catastrophique des affaires du pays, insécurité, corruption, gaspillage et bradage des richesses nationales, bureaucratie à tous les niveaux et notamment au niveau de l'administration, pauvreté malgré le matelas financier dont dispose le pays, marginalisation de la jeunesse, émergence de plusieurs phénomènes sociaux tels la harga et la consommation de la drogue, désespoir. etc. C'est le tableau qu'a dressé, jeudi, le candidat indépendant à l'élection présidentielle du 9 avril prochain, M.Mohamed Saïd. Un constat diagnostique que ne pourra accepter, à moins qu'il ne soit aveugle, le commun des mortels. Lors d'un meeting populaire tenu dans la salle Atlas à Alger, à l'occasion du début officiel de la campagne électorale, ce candidat a davantage noirci ce tableau en mettant en exergue le recul de la place de l'Algérie au niveau international. L'Algérie n'a, selon le président du Parti liberté et justice (PLJ) non agréé, plus de voix, plus de poids dans le concert des nations. Ses décisions n'influençent plus la scène internationale. A titre d'exemple, l'Algérie pays exportateur de pétrole et qui est membre de l'Opep, voit ses positions ne plus peser sur les cours du prix du baril alors qu'une simple tempête dans un autre pays, peut provoquer un volcan dans ce marché. Mohamed Saïd n'y est pas, toutefois, allé sans donner de solutions à cette situation. Quel remède donc préconiset-on? «Nous proposons un changement de pratiques et de mentalité», a-t-il clamé sous les applaudissements de l'assistance. Ce changement consiste en la restitution de la parole au peuple en instaurant une véritable démocratie. Comment? Cela passe, selon l'animateur du meeting, par l'édification d'un régime parlementaire au lieu de présidentiel qui permet à chaque président de «se tailler sa propre Constitution», a-t-il expliqué. Il s'agit ensuite de l'établissement d'une vraie justice sociale qui mette fin aux inégalités et permette une distribution équitable des richesses de la nation. Il est aussi question de la réhabilitation des valeurs sociales qui sont «englouties» par l'argent. Mais ce changement est-il possible? «Il est possible si on veut sortir le pays de l'impasse et avec les hommes on peut faire des miracles», a-t-il affirmé soulignant que le fait de se persuader que le changement est possible est déjà une victoire. Changement qui ne sera que le grand triomphe de la majorité des citoyens qui y aspirent. «Si les Novembristes ont vaincu une grande force coloniale, le peuple peut vaincre la précarité et imposer le changement avec le bulletin de vote», a-t-il encore prononcé. «Le changement...maintenant, pas demain», tel est donc le slogan de ce prétendant à la magistrature suprême. Même si, a-t-il ajouté, «la campagne a commencé avec un goût que tout est fait d'avance et les médias sont mobilisés pour en donner l'image». Dénonçant cette campagne qui a débuté avant l'heure, M.Mohamed Saïd a indiqué que les subventions de l'Etat pour animer sa compagne électorale ne lui sont parvenues que 24 heures avant son entame officielle. Pourquoi donc l'aventure? s'est-il interrogé. «Le résultat ne m'intéresse pas, ce qui m'intéresse c'est de transmettre mon message et que le peuple croit en le changement», a-t-il tranché. Au changement, Mohamed Saïd y croit d'autant plus que son meeting est tenu à l'occasion d'une date symbolique. Le 19 Mars, Fête de la victoire, symbolise, en effet, l'espoir, la volonté mais aussi le changement. Comment non, alors que cette date a marqué le passage d'une époque à une autre? Abordant la symbolique et le sens de cette date, sous les cris de l'assistance, «Armée, peuple, avec toi Mohamed Saïd», le candidat au scrutin prochain a énuméré les cinq leçons qu'on doit tirer de la Fête de la victoire et du cessez-le-feu. Il s'agit de la volonté et du prix de la liberté, la relation hommes/histoire (les hommes sont des positions tandis que l'histoire est un arbitre qui ne pardonne pas), la fierté de notre passé et histoire, l'indépendance est un acquis qu'il faut préserver et enfin, l'espoir qu'on doit (re)semer dans les esprits des citoyens perdus. «Aux martyrs de la guerre de Libération nationale, on renouvelle le serment qu'il n'y a pas de marchandage dans l'unité nationale», a-t-il encore clamé sous les ovations des présents. A souligner que Mohamed Saïd a déposé, la matinée de la même journée, une gerbe de fleurs sur la tombe du défunt président Houari Boumediene, dans le cimetière d'El Alia.