Le privé, versé en grande partie dans l'importation, s'étend dans un marché en expansion. En Algérie, l'agroalimentaire évolue dans un marché marqué par une distorsion de la concurrence. Dans pareille situation, les gestionnaires des entreprises publiques agroalimentaires négocient la survie des sociétés dont ils ont la charge non sans contorsion. Pendant ce temps, le privé, versé en grande partie dans l'importation, s'étend dans un marché en expansion, notamment les segments des produits alimentaires dont l'importation concerne les grains, les produits agroalimentaires, les matières premières ainsi que les biens de production et de consommation. Mais l'importation massive constituera sans doute une entrave pour le développement de la production locale. «Il est temps d'agir pour que nos entreprises ne soient pas attaquées par l'importation», a déclaré à ce sujet le ministre de la Participations et de la Promotion de l'investissement Hamid Temmar. S'exprimant hier au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à Alger, portant sur «la stratégie et les politiques de relance et de développement industriels», M.Temmar a indiqué que «l'agroalimentaire constitue 50% du marché national. L'importation des biens agroalimentaires s'est multipliée par 4 en 4 ans, à savoir qu'elle est passée de 2,5 milliards de dollars en 2003 à plus de 8 milliards de dollars en 2008». A ce titre, l'orateur avertit: «La situation est extrêmement difficile.» Dans ce sillage, l'intervenant a déclaré qu'«une étude sur la stratégie industrielle, dont le management constitue une priorité à mettre dans cette stratégie, est en cours auprès du gouvernement. Des assises nationales en rapport avec ce sujet sont également prévues pour le mois de juin prochain». Selon M.Temmar, l'étude en question soulève trois problématiques principales: primo, le marché algérien manque de struturation. Pour ce faire, des annexes d'aménagement doivent être mises en place. Secundo, nos entreprises manquent d'équipements. L'orateur propose, de ce fait, la création d'un système de mutualisation entre opérateurs du même secteur. «Les entreprises algériennes doivent être mutualisées en créant une espèce de ‘'coopérativité'' sous forme de villages industriels entre les entrepreneurs et les opérateurs économiques. Dans cette perspective, l'Etat pense sérieusement à créer des centres technologiques industriels qui doivent être organisés par branche», a souligné Hamid Temmar, rappelant au passage: «Nous avons déjà appliqué cette méthode dans les secteurs du ciment et du textile. Alors pourquoi ne pas la généraliser aux autres secteurs?» Tertio, l'agriculture doit être dotée d'un cadre institutionnalisé pour bénéficier d'une capacité agro-industrielle. Revenant au chapitre de l'importation, le conférencier constate qu'il y a un engouement pour l'importation. Dans ce contexte, il est indispensable, a-t-il indiqué, de diagnostiquer les produits agricoles importés. «Il faut visualiser les produits importés les plus demandés de ceux qui le sont moins afin de déterminer les quantités permettant de renforcer la production nationale», a-t-il souligné à ce sujet. Il enchaîna, déplorant: «Malheureusement, nous n'avons pas une politique systématique d'aide à l'exportation de manière à ce que nos entreprises puissent développer leurs capacités exportatrices.»