Le négociateur algérien auprès de l'OMC n'a pas manqué de réagir au dernier rapport établi par le groupe de travail qui planche sur le dossier d'adhésion de l'Algérie. Le feuilleton de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC n'est pas près de connaître son épilogue. Il connaît même ces derniers jours beaucoup de rebondissements. En témoigne le nouveau conflit qui pointe son nez entre l'Algérie et cette organisation. En effet, Saïd Djellab, le négociateur algérien auprès de l'OMC, n'a pas manqué de réagir au dernier rapport établi par le groupe de travail qui planche sur le dossier d'adhésion de l'Algérie. Ce dernier considère qu'il restait beaucoup à l'Algérie pour accéder à l'organisation, et ce, dans plusieurs domaines, malgré les progrès enregistrés dans la réforme de son régime de commerce, afin de le rendre pleinement compatible avec les règles de l'OMC. Des considérations avec lesquelles le négociateur algérien n'est pas d'accord. Il a ainsi rétorqué que «c'est une formulation sur laquelle l'Algérie n'est pas d'accord», puisqu'elle a accompli l'essentiel pour son accession à cette organisation. Le rapport a cité, à ce titre, les domaines des entreprises d'Etat, du prix des hydrocarbures (gaz), des droits de commercialisation et présence commerciale, du régime fiscal, des subventions à l'exportation ainsi que des mesures sanitaires et phytosanitaires. Ce négociateur, qui se trouve être également directeur des échanges commerciaux au ministère du Commerce ne s'est pas arrêté là, puisqu'il est allé jusqu'à déclarer qu'il y a encore beaucoup de choses avec lesquelles l'Algérie est en désaccord. Il a sous-entendu, dans ce sens, qu'il existe certaines conditions «non prévues» par les accords que l'OMC voudrait imposer et auxquelles l'Algérie dit niet, selon l'APS. «L'Algérie n'a aucun problème pour la question de conformité avec les accords de l'OMC (...) mais tout ce qui est en plus de l'accord est inacceptable, d'autant plus s'il touche à l'intérêt national», a-t-il déclaré. Invité à en dire davantage, M.Djellab s'est limité à préciser que des membres de l'OMC essaient «d'imposer des choses à l'Algérie (...) mais nous prenons tout notre temps pour bien négocier». Et d'ajouter: «Notre adhésion à l'OMC est en fonction des intérêts de l'économie algérienne à court, moyen et long termes», avant de préciser que les requêtes émanant de l'OMC susceptibles de nuire à une branche d'industrie ou d'agriculture sont négociées en fonction des intérêts du pays, deux points qui risquent fort bien de donner un sérieux coup de frein aux négociations au point mort depuis que l'OMC a exigé presque «l'impossible» si l'on se fie aux réactions du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, puisque cette organisation a, au mois de décembre dernier, fait sortir ces deux responsable de leurs gonds, en imposant à l'Algérie l'augmentation des prix du gaz pratiqués à l'intérieur du pays et l'interdiction d'importation de véhicules de moins de trois ans. Concernant le premier point de discorde, les pays membres de l'Organisation estiment que Sonatrach vend son gaz industriel à perte et demande par conséquent que la société algérienne augmente les prix du gaz industriel, ce qui est refusé simplement par la partie algérienne. Le second point concerne l'interdiction d'importation des véhicules âgés de plus de trois ans. Ce qui n'arrange pas les affaires des pays membres, d'où proviennent 99% des véhicules d'occasion importés auparavant par l'Algérie. «Nous refusons de devenir le dépotoir des véhicules d'occasion de l'Union européenne, qui ne répondent pas aux normes», avait déclaré le ministre. Le Premier ministre avait, de son côté, soutenu devant l'Assemblée populaire nationale (APN) que les pouvoirs publics ne céderont pas d'un iota, sans pour autant remettre en cause les ambitions de l'Algérie de devenir membre de l'OMC. Et devant tant de détermination, la venue du premier responsable de l'OMC à Alger le 10 mai prochain sonne comme une tentative d'arracher à l'Algérie le maximum de concessions, juste avant qu'elle ne finalise les réponses aux 96 requêtes adressées par l'OMC, lesquelles sont à mettre sur la table des négociations lors du prochain round.