Classé «orange 4» depuis 2003, l'immeuble abritant ces familles risque de s'écrouler à tout moment. L'immeuble du 12, rue Lakhdar Beda, à El Harrach, menace ruine. Extrêmement fragilisé, voire détruit en partie par le séisme de 2003, il risque de s'écrouler sur les trois familles qui le hantent encore. Il abritait à l'origine sept familles, actuellement censées habiter des chalets au quartier Kourifa, à El Harrach. Si quatre familles ont préféré opter, depuis 2005, pour la solution provisoire qu'offrent ces chalets, trois ont refusé de quitter leur ancienne bâtisse. Ces dernières ont en effet choisi de demeurer dans leurs appartements au péril de leur vie. Ni la police ni la daïra n'ont pu les convaincre de troquer leur résidence d'origine contre les bungalows mis à leur disposition. «Que chacun prenne ses responsabilités, nous ne voulons pas nous entasser éternellement avec parents et enfants dans des chalets rikiki et insalubres!», soutiennent-ils. Et d'affirmer sur un ton révolté, comme pour dégager leur implication dans tout éventuel drame: «Qu'ils détruisent notre immeuble ou qu'ils le reconstruisent, nous ne voulons pas d'alternatives équivoques!» A en croire quelques représentants de ces citoyens sinistrés, toutes leurs démarches en vue de trouver une solution à leur cas se sont avérées vaines. Ils maintiennent qu'ils n'ont eu aucune promesse de relogement de la part des autorités locales. Aussi, aucun consensus n'a jusque-là été dégagé devant ce cas extrême. Ils évoquent également une requête adressée au département de l'Intérieur et des Collectivités locales. Ils rappellent aussi que leur dernière rencontre avec les autorités (wali délégué) remonte à 2004. M.Sadek, un quadragénaire qui dispose d'un appartement de type F7 dans cette construction vétuste, nous invite à faire le tour du propriétaire. Et c'est avec une certaine appréhension que nous acceptons de nous engouffrer dans ce qui reste de l'immeuble. Nous arpentons des escaliers en colimaçon tout en constatant les dégâts dont la gravité croît avec les étages. Presque au faîte de la bâtisse, la partie supérieure des escaliers s'est effondrée. Tout accès au dernier étage est rendu impossible. Une partie du toit a déjà cédé et les infiltrations des eaux de pluie ont sérieusement entamé ce qui reste du dernier étage. Un sexagénaire nous fait à son tour visiter son appartement. Il dit le fréquenter régulièrement en dépit du danger omniprésent d'effondrement. Les lieux, inhospitaliers, offrent un décor de désolation où tous les murs sont lézardés, stigmates d'un abandon chronique. Plus bas, c'est-à-dire au premier étage, une vieille dame ouvre subrepticement la porte, surprise par cette visite inopinée. Nous admirons son courage, surtout que l'ouverture furtive nous permit de constater une intimité de foyer très bien entretenue. Aujourd'hui, les locataires de l'immeuble du 12, rue Lakhdar Beda sont dans l'impasse du désespoir.