Pour les conducteurs de train, cette promesse «est une manière de nous faire taire, chose qui ne pourra jamais avoir lieu». «Tous les problèmes exposés par les conducteurs-mécaniciens seront résolus au plus tard dans deux mois.» Par cette déclaration, faite hier à L'Expression par M.Tikhli, de la direction des ressources humaines (DRH) de la Sntf, peut-on comprendre que le bras de fer opposant les conducteurs de train à la société va connaître son dénouement ou, ce n'est au contraire, qu'un nouveau feuilleton qui semble commencer au grand dam des deux parties? Aux propos «rassurants» du responsable des chemins de fer, les cheminots demeurent septiques. Ces promesses ne semblent pas les convaincre, eux qui ne veulent croire qu'au concret. «On nous a promis monts et merveilles à maintes reprises. C'est uniquement une manière de nous faire taire, chose qui ne pourra jamais avoir lieu, car on campe sur notre position et notre mouvement de protestation risque d'être paralysant si l'administration brille encore une fois par son mutisme», entonne un conducteur s'exprimant sous le sceau de l'anonymat. C'est une autre bataille qui se prépare entre deux parties qui se sont affrontées à plusieurs reprises sans toutefois qu'il y ait eu jusqu'ici une issue probante. Interpellé sur ces réclamations des conducteurs, M.Tikhli s'est voulu optimiste. «La reprise du travail est le principal objectif recherché par l'administration de la Sntf et les partenaires sociaux», a-t-il souligné dans son intervention. Et d'ajouter: «Tous les problèmes seront étudiés car on ne veut pas pénaliser notre clientèle.» Le procès-verbal signé entre la direction de la Sntf et la Fédération des cheminots, explique notre interlocuteur, s'articule sur quatre axes. Il s'agit de la classification des postes de travail, le suivi de carrière, la formation et organisation des examens ainsi que l'amélioration des conditions de travail. Ces points seront étudiés par la direction afin d'éviter d'autres mouvements de protestations qui ont causé des pertes colossales à la société des transports ferroviaires. Le débrayage de l'année précédente illustre de fort belle manière cette situation inquiétante. «Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes à la fois», poursuit M.Tikhli. L'équation est très complexe si ce n'est insoluble. La satisfaction des doléances des conducteurs de trains en un laps de temps très réduit relève de l'utopie pour un grand nombre d'observateurs. «Dans nos réclamations, on ne demande que nos droits les plus élémentaires, si ces derniers ne sont pas pris en considération, on passera à d'autres actions, et là on verra qui des deux parties déclarera forfait», défie un autre conducteur, membre d'une section syndicale. Et de montrer toute sa colère: «A quand l'intervention du P-DG de la société? Voulez-vous que le scénario de 2008 se répète? On est prêts car ce sont des laisser-aller largement évitables si l'administration ne ferme pas les portes du dialogue.» Quant au responsable de la DRH de la Sntf, il appelle cette frange à plus de patience. «Les problèmes non résolus le seront plus tard.» Interrogé pour savoir quelles garanties la Sntf peut donner afin de rassurer des conducteurs révoltés, M.Tikhli a répondu à demi-mot. Dans sa réponse, il s'est contenté de dire «laissez-nous aller de l'avant et dès qu'il y a du nouveau, c'est à nous de vous mettre au courant...» Idem pour une question relative aux conditions de sécurité dans lesquelles exerce le personnel féminin. Pas un mot sur ce problème épineux. Doit-on attendre un miracle pour que «l'explosion» qui couve - provoquée par une vieille mésentente entre les conducteurs de train et la tutelle - soit évitée?