Cette action se veut une énième pression en vue de libérer les détenus. Le rassemblement populaire devant le tribunal de Béjaïa, prévu par la coordination intercommunale de Béjaïa pour exiger «la libération des détenus du mouvement citoyen et l'arrêt des poursuites judiciaires», n'a pas drainé la foule escomptée. Seuls quelques citoyens étaient au rendez-vous, hier, devant l'institution judiciaire en réponse à cet appel. Sept citoyens ont, dès le début de l'attroupement, été interpellés, puis relâché quelques heures plus tard après leur audition au niveau du commissariat pour, avons-nous appris, vérifier leur identité. Cette action, retenue à la suite de l'insistance de certains délégués connus pour leur préférence aux actions sur le terrain lors du dernier conclave tenu à Sidi Ayad, se veut une énième pression sur les pouvoirs publics en vue de libérer les détenus. La faible participation constatée, hier, dénote, si besoin est, l'hostilité des citoyens aux actions radicales dont la portée n'a jamais était celle souhaitée. Bien au contraire, elles débouchent souvent sur d'autres arrestations qui ne sont pas sans susciter appréhensions et craintes. A travers cette «démobilisation aux actions de terrain», qui ne dit pas son nom, c'est toute la situation inconfortable de la coordination qui se fait au grand jour. Par ailleurs, la même structure du mouvement citoyen à Béjaïa s'apprête à réunir aujourd'hui les parents des martyrs et blessés du printemps noir à Tifra. Cette réunion, prévue également lors du dernier conclave, à pour objet d'entériner le principe du rejet de décret présidentiel portant sur les indemnisations des victimes. Un rejet que la coordination intercommunale veut, coûte que coûte, avaliser par les familles des victimes. Une source proche des services de wilaya chargés du dossier des victimes nous a appris, hier, que «plus de quarante dossiers d'indemnisations ont été réceptionnés depuis la promulgation du décret». La même source a ajouté que «26 familles ont déjà reçu chacune une aide de 110 millions accordée par l'Etat à titre d'indemnisation» avant la promulgation dudit décret présidentiel. Les parents des victimes du printemps noir donnent l'impression d'être entre le marteau et l'enclume. D'un côté, la CICB leur demande de refuser ces indemnisations sous prétexte de ne pas «marchander le sang des martyrs et blessés», de l'autre côté, la situation sociale de la majorité d'entre eux les pousse à s'y souscrire en l'absence d'une contre-partie que les délégués ne finissent pas de promettre. Depuis le début des événements dans la région plusieurs commissions de solidarité ont été installées par la CICB, mais sans pour autant rassurer les parents des victimes. On s'attend à de longs débats à l'occasion de cette réunion à condition, toutefois, que les parents ne fassent pas faux bond. En tout état de cause, les présents ne manqueront pas, à en croire certains, d'exiger davantage de considération à leur égard.