Le ministre des Moudjahidine insiste sur l'implication des historiens dans l'écriture de l'Histoire pour la consacrer «mémoire vivante». La polémique est relancée. L'Algérie exige toujours pardon et repentance de la France sur les crimes commis par le colonialisme. Mohamed Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, a affirmé samedi que les revendications de l'Etat algérien relatives à l'incrimination et à la reconnaissance des crimes de guerre français sont toujours maintenues jusqu'à leur aboutissement. «L'Algérie revendique toujours depuis l'Indépendance l'incrimination de l'occupation française et la reconnaissance des crimes de guerre perpétrés contre le peuple algérien, notamment les essais nucléaires, les mines anti-personnel, outre les pertes occasionnées à la nature et à l'homme», a déclaré le ministre en marge du 3e congrès national de l'Association nationale des anciens condamnés à mort (1954-1962). Il s'agit de la première déclaration faite officiellement sur ce sujet depuis la réélection, le 9 avril dernier, du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Le contentieux historique entre l'Algérie et la France refait donc surface. Un sujet qui reste au coeur des relations algéro-françaises et perturbe sérieusement les rapports bilatéraux depuis 2005. On se rappelle de la fameuse loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. Celle-ci a conduit au gel de la signature du traité d'amitié franco-algérien en 2003. Le ministre des Moudjahidine avait auparavant demandé, lors de ses différentes sorties médiatiques, que soient remises à l'Algérie «les archives des représailles, des assassinats et d'incendies de bibliothèques, notamment». «Les vérités de cette guerre doivent être portées à la connaissance de tout le monde», avait-il souligné. Alger persiste ainsi sur le devoir de mémoire pour pouvoir définitivement tourner la page. Cependant, la France officielle refuse ce geste de reconnaissance. Pour Paris, les questions de mémoire ne doivent pas être un préalable au rapprochement entre l'Algérie et la France. A l'occasion de sa visite effectuée le 3 décembre 2007 en Algérie, le président français, Nicolas Sarkozy, s'était prononcé pour une reconnaissance des faits mais il ne s'est pas repenti ni n'a présenté des excuses officielles aux Algériens pour tous les crimes contre l'humanité commis par les corps expéditionnaires français de 1830 à 1962. Devant les jeunes étudiants de l'université Bachir-Mentouri de Constantine, le président français s'est contenté de dire que «le système colonial était injuste par nature et ne pouvait être vécu autrement que comme une entreprise d'asservissement et d'exploitation. Je ne suis pas venu nier le passé. L'Algérie et la France ont besoin l'une de l'autre». Par ailleurs, et évoquant l'écriture de l'histoire de la période coloniale, M.Chérif Abbas a précisé que cette opération exige «des études complexes» pouvant durer plusieurs années. Il a insisté sur la nécessité d'impliquer les historiens et les chercheurs dans l'écriture de l'histoire de la Révolution et de la lutte du peuple algérien contre l'occupation française pour la consacrer «mémoire vivante». Concernant la loi sur le Chahid et le Moudjahid, le ministre a affirmé qu'elle est actuellement en cours d'application en dépit des difficultés rencontrées. Cette loi a institué des primes supplémentaires aux enfants de chouhada dont la prime de décès de la veuve du chahid, octroyée à ses enfants sans emploi, ainsi que la prime accordée aux ascendants comptant dans la famille plus d'un chahid et aux enfants de parents (père et mère) morts en martyr.