Sur les quelque 1500 hémophiles recensés sur l'ensemble du territoire national, 650 sont des cas sévères. «Un hémophile qui se fait soigner dans un service deréanimation au niveau des urgences médicales d'un hôpital est un échec pour l'Algérie.» Tel a été la triste réalité décrite par M.Noureddine Benikhelef, vice président de l'Association algérienne des hémophiles (AAH). Lors d'un point de presse animé hier à Alger par les membres de cette association, l'accent a été mis sur la mauvaise prise en charge des hémophiles en Algérie devenant, selon les animateurs, «un véritable problème de santé publique». Atteints d'une maladie des plus dangereuses, les hémophile subissent les affres de la négligence et de la marginalisation. Manque de structures spécialisées, de médicaments et de moyens de transport, ils sont livrés à eux-mêmes. Pour ce qui est des hémophiles résidant à Alger (au nombre de 250) ou dans les wilayas limitrophes, il n'y a que deux hôpitaux vers lesquels ils peuvent se diriger. Il s'agit de l'hôpital Mustapha-Bacha et du Centre de Bouzaréah qui relève du CHU Issad-Hassani de Béni Messous. Selon les intervenants, la création d'un centre spécialisé est plus que nécessaire, elle relève de l'urgence. «On demande que le Centre de transfusion sanguine de Bouzaréah soit un centre autonome, administrativement et financièrement. Tout doit se faire dans ce centre, des analyses aux radios en passant par la distribution des médicaments», a signalé M.Idir Iguederzène, représentant de l'association à Alger. Par le biais de ce dernier, les responsables de l'association appellent sans cesse les pouvoirs publics à lancer un plan national de prise en charge des hémophiles. A ce sujet, ils ont rappelé avoir fait parvenir, en 2008, deux dossiers ficelés au ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, en plus des dizaines de lettres transmises à différents députés. Résultat: aucune réponse n'a été donnée à ce jour. Par ailleurs, la question de l'indemnisation des hémophiles ayant été contaminés par le virus du sida et de l'hépatite C dans les hôpitaux algériens a été soulevée. Selon les animateurs de ce point de presse, 20% des hémophiles ont été contaminés par le virus du sida (VIH) et 60% ont contracté le virus de l'hépatite C (VHC) depuis 1990. Oussama Sehim, jeune hémophile de 18 ans, approché par nos soins, a tenu à exprimer sa souffrance. «Il y a deux ans, j'ai été contraint d'abandonner mes études à cause de ma maladie. J'ai de plus en plus de complications et le médicament n'est pas toujours disponible, d'autant plus que cette maladie est imprévisible. En plus, j'ai été contaminé par le virus de l'hépatite B et jusqu'à présent je n'ai reçu aucune indemnisation», a-t-il précisé. Pudiquement, et la voix nouée, il a ajouté qu'il ne peut jamais se déplacer loin de chez lui. «J'aime bien partir en vacances comme tous les gens de mon âge, mais c'est impossible faute de moyens de transport et de médicaments qui ne sont disponibles qu'à l'hôpital.» Ce jeune, à la fleur de l'âge, lance un déchirant appel aux pouvoirs concernés pour se pencher de plus près sur la question des hémophiles.