Il coïncide avec la parution d'un autre livre impliquant l'ancien ministre de la Défense. A partir de demain et jusqu'à vendredi, le général à la retraite Khaled Nezzar sera confronté au sous-lieutenant Habib Souaïdia, auteur du livre La sale guerre. Initialement programmée en février dernier, l'audience en diffamation devant le tribunal correctionnel de Paris a été reportée avec l'accord des avocats des deux parties. Constatant que chacune des deux parties entendait faire citer au moins quinze témoins, dont trois anciens Premiers ministres algériens pour M.Nezzar, et qu'une des trois journées retenues en février n'était plus disponible, le président du tribunal a estimé que plusieurs jours consécutifs étaient nécessaires, ce qui n'était pas possible avant le début juillet. Entre-temps, Habib Souaïdia a été radié de l'armée algérienne et poursuivi pour participation à une entreprise d'affaiblissement du moral des troupes de l'ANP et à la sûreté de l'Etat par le tribunal criminel d'Alger. Khaled Nezzar avait fait l'objet en novembre 2001 en France de plaintes pour tortures. Selon l'avocat de M.Nezzar, Me Jean-René Farthouat, aucune nouvelle audition du militaire - qui avait été entendu par la police en avril - n'est envisageable durant son séjour, dans la mesure où ces plaintes «ont fait l'objet d'un classement sans suite après qu'il a été entendu». Le général à la retraite, ministre de la Défense lors de l'arrêt du processus électoral de 1992, dont il revendique la paternité, est en France depuis le 27 juin dernier. Les défenseurs de M.Souaïdia ont indiqué que le report permettrait de donner plus d'ampleur au procès et que les Editions La Découverte avaient décidé de faire enregistrer par sténotypie les minutes du procès, qu'elles publieront ultérieurement sous forme d'ouvrage. Dans un communiqué de presse, la maison d'édition de Souaïdia avait estimé que ce procès sera le premier grand procès du régime militaire algérien. Lors de l'audience de fixation du 2 octobre 2001, les avocats constitués par M.Souaïdia, Mes William Bourdon et Antoine Comte, ont indiqué que Me Mahmoud Khelili, avocat au barreau d'Alger et président du Syndicat national des avocats algériens, serait à leurs côtés pour assurer la défense de leur client. Et qu'ils souhaitaient faire citer en défense au moins 37 témoins dont des officiers dissidents de l'armée algérienne comme MM.Ali Baali, porte-parole du Mouvement des officiers algériens libres (Moal), Ahmed Chouchen, Hacine Ouguenoune, Mohamed Samraoui, lesquels apparaîtront pour la première fois à visage découvert devant un tribunal. Le procès coïncide avec la parution d'un autre livre impliquant l'ancien ministre de la Défense dans les actes de torture dont l'auteur a été victime. En avril 2001, Larbi Lyès, réfugié en France, avait déposé une plainte pour «crime de torture» contre le général.