Deux morts. Des milliers de faux billets saisis. Plus qu'un fait de société, le football demeure une opportunité à tous les dépassements et aux affaires scabreuses. En effet, deux jeunes du quartier de Belcourt sont morts mardi soir dans un accident de circulation alors qu'ils manifestaient leur joie. Tandis que, selon des sources, la direction du Ahly Bordj Bou Arréridj a été contrainte de suspendre la vente des billets d'accès au stade après avoir découvert que de faux billets, similaires à ceux mis à sa disposition par la direction de la jeunesse et des sports de Blida, étaient en circulation. Ceci dit, s'agissant de la rencontre proprement dite, elle peut-être assimilée, à première vue, au combat de David contre Goliath tant les palmarès des deux antagonistes sont diamétralement opposés. En effet, si le CR Belouizdad est un habitué des grands moments, il n'en est pas de même pour le CA Bordj Bou Arréridj, créé en 1931, qui dispute la première finale de son histoire. Pour cette 44e finale, deux équipes, aux budgets conséquents et renfermant en leur sein des joueurs aux salaires fabuleux. Leur somme correspondrait au chiffre d'affaires d'une PME moyenne. Le premier est le CRB. Sept finales jouées, cinq remportées. Le second est le CABBA dont le meilleur fait d'armes est les huitièmes de finale atteints en 1967 après avoir éliminé le grand MO Constantine des Zefzef, Benbaâtouche et autres. Certes, les deux équipes sont logées à la même enseigne au classement général du championnat national. Elles occupent la 4e place avec 47 points. Mais la différence entre les deux est bien plus grande car le football, c'est plus que du football, ce sont aussi des faits de société. Belouizdad tire son nom du grand révolutionnaire, Mohamed Belouizdad. Mais, le CRB, c'est plus qu'un quartier de la capitale. Le CABBA peut compter, en plus des 5 milliards débloqués par l'APW, sur le soutien des centaines d'opérateurs économiques de la région. Ces derniers savent qu'une victoire du CABBA en finale, dans la plus prestigieuse des compétitions nationales, sortira la région du désenclavement. En effet, une victoire aujourd'hui ferait sortir la région du goulot d'étranglement dont elle souffre. Forte d'une zone industrielle en pleine expansion, Bordj Bou Arréridj veut devenir le poumon de l'industrie des Hauts-Plateaux. De l'autre côté, le Chabab Mohamed Belouizdad, est le contre-exemple du CABBA. Il n'est pas la «propriété» d'un seul homme aidé par des opérateurs économiques locaux. Dans les rues de Belouizdad, on arbore fièrement le maillot «rouge et blanc floqué du V de la victoire». Belouizdad représente également le symbole de la Résistance nationale. Aussi, la finale d'aujourd'hui ne sera pas celle des prolos du CRB contre les nantis du CABBA. Victoire ou défaite, les joueurs ne peuvent être tenus pour responsables des ambitions des dirigeants. Néanmoins, il y a bien deux conceptions différentes du football, deux histoires et deux traditions qui n'ont rien à voir entre elles. Le destin du Ahly ne peut être réduit aux ambitions oligarques de ses sponsors même si leurs ombres planent. Le CRB, c'est vraiment «plus qu'un club», pour reprendre sa devise. Pour ce match qui demeure un rêve pour chaque footballeur, l'ambiance particulière de cette compétition dans les gradins sera certainement au rendez vous alors que les 22 acteurs se donneront à fond pour recevoir le trophée des mains du chef de l'Etat. Une première pour le CABBA ou une sixième étoile pour le CRB?