C'est le troisième cas grave d'intoxication qui se produit dans cette wilaya en l'espace de quelques mois. Constantine vient de vivre encore une fois un regrettable incident. Au moins 200 étudiantes de la résidence universitaire Mohamed Seddik-Ben Yahia, située dans la daïra d'El Khroub, ont été hier victimes d'une intoxication alimentaire. C'est aux environs de sept heures du matin que les premières victimes, qui souffraient de maux de tête, de douleurs au ventre accompagnés de vomissements, ont été évacuées vers l'hôpital de la même daïra dans un état jugé très inquiétant. Dans un premier temps, ce sont 17 étudiantes transportées aux urgences par les services de la résidence universitaire et 72 autres seront acheminées ensuite vers le même service par la Protection civile alertée par le chef de la sécurité de la cité universitaire. L'on apprend que plus de 95 autres étudiantes ont reçu des soins sur place avant d'être évacuées vers le service des urgences pour s'assurer de leur état. Cinq ambulances et cinq médecins des services de la Protection civile ont été mobilisés pour secourir les victimes. Un centre de consultation a même été monté sur place pour venir à bout de cette situation qui a créé une véritable panique parmi les étudiantes, sachant que sept parmi les victimes sont dans un état jugé grave, aux dernières nouvelles émanant de sources hospitalières. Selon des sources locales, les étudiantes ont été intoxiquées après avoir consommé un repas dans la soirée du samedi, fait de pois-chiches et de pâtisserie. En attendant, les analyses détermineront avec exactitude le produit consommé à l'origine de cette intoxication. C'est le troisième incident que connaît Constantine en quelques mois. Il y a exactement une semaine, pas moins de 30 élèves de l'école primaire El Okkisis à El Guamass ont été victimes de la même intoxication. En février dernier, ce sont pas moins de 400 étudiantes de la cité universitaire Nahass-Nabil qui souffraient également d'une toxi-infection. Trois personnes ont été reconnues responsables des faits et ont été condamnées à des peines de prison et une amende par le tribunal correctionnel de Constantine. Il s'agit du boulanger et ses deux employés ayant fourni la pâtisserie avariée. Mais, a priori, la leçon n'a pas été retenue et on peut réellement soulever des interrogations dans ce sens. Cela intervient au moment où les nouveaux textes de loi relatifs à la protection du consommateur donnent plus de prérogatives aux associations puisqu'elles peuvent désormais se constituer partie civile auprès du tribunal, à condition que la victime prenne le soin de déposer plainte. Le contexte des intoxications a été sujet de débat avant-hier à la radio locale de Cirta FM. L'on rappellera lors de ce forum, que le sujet a été porté à la une des médias nationaux et a soulevé l'émoi parmi la population. Depuis le 9 mars dernier, les commerçants de produits alimentaires ne sont plus à l'abri de poursuites judiciaires. Le texte de loi publié dans le Journal Officiel prévoit de lourdes peines à l'encontre de tout fraudeur. Ainsi, l'article 83 de ladite loi prévoit «la peine de réclusion à perpétuité» à tout intervenant dans la commercialisation frauduleuse de produit alimentaire ayant causé «le décès d'une ou de plusieurs personnes». Cet article ne se limite pas au cas de figure précité. En cas de maladie incurable ou d'infirmité permanente causée par le produit mis en cause, «les intervenants concernés sont punis de la réclusion à temps de dix à vingt ans et d'une amende d'un à deux millions de dinars». Ce texte de loi est venu remettre de l'ordre dans une activité gangrenée par le gain facile. Ainsi, la santé des citoyens, voire leur vie, est monnayée contre quelques misérables sous de plus. Au mépris de la vie, la mort est banalisée. Unanimes et inquiets, les spécialistes tirent la sonnette d'alarme. L'absence d'hygiène et de conservation ainsi que le contrôle peu efficace des produits alimentaires sont les causes des intoxications alimentaires surtout collectives relevées ici et là dans des restaurants d'entreprises ou universitaires, lors des fêtes... Chaque année, 3000 à 5000 cas d'intoxications alimentaires sont enregistrés. Selon un responsable au ministère de la Santé, l'hospitalisation de chaque malade coûte entre 2000 et 3000 DA par jour. Rien que pour l'année 2007, les toxi-infections alimentaires et médicamenteuses ont été à l'origine de la mort de 113 personnes dont plus d'une quarantaine d'enfants. En un mot, les spécialistes sont unanimes à dire que la majorité des cas d'intoxications alimentaires échappent au système de surveillance.