Durban accueille demain le dernier sommet de l'OUA avant l'entrée en vigueur de l'UA. Durban, sur la côte sud-africaine, est, depuis jeudi, la capitale de l'Afrique, où eut lieu le Conseil des ministres de l'OUA, avant le 38e Sommet, et la mise en oeuvre, sans accroc, de la passation de consignes entre l'Organisation de l'unité africaine (OUA), qui a achevé sa mission, et sa remplaçante, la toute nouvelle Union africaine (UA). Cependant, avant d'arriver à cette ultime étape de la restructuration de l'institution africaine, les structures de l'OUA avaient planché, depuis le 37e Sommet de Lusaka en juillet de l'année dernière, à mettre au point les derniers détails de la future Union. Précédant la 76e session du Conseil des ministres de l'OUA, un Conseil spécial s'est tenu, les 1er et 2 juillet, avec à l'ordre du jour un certain nombre de projets et protocoles d'accords relatifs à la naissance de l'Union africaine. De fait, dans un rapport très élaboré, le secrétaire général de l'OUA, Amara Essy, a passé en revue l'ensemble des projets devant donner consistance à la nouvelle Union africaine. C'est ainsi qu'il présenta les structures qui donneront à l'UA les moyens devant lui permettre de jouer de manière effective son rôle. Ce sont ces moyens qui ont largement fait défaut à l'OUA paralysant son action à maintes occasions. Conformément aux recommandations du Sommet de Lusaka, un Conseil de paix et de sécurité de l'UA (CPS/UA) devra prendre la relève de «l'organe central du mécanisme de prévention de gestion et de règlement des conflits» - créé au Caire en 1992 - lequel a amplement montré ses limites. Selon le protocole d'accord, le CPS/UA aura pour mission, certes, de prévenir les conflits, mais également, ce qui est nouveau, de prévenir «la politique susceptible de conduire à un génocide et à des crimes contre l'humanité», avec sans aucun doute, en arrière fond, la catastrophe humanitaire survenue au Rwanda en 1994 (entre 500.000 et un million de personnes massacrées dans les conflits inter-ethniques). Contrairement à «l'organe central», le CPS/UA semble devoir bénéficier de suffisamment de pouvoir l'autorisant à «l'organisation et au déploiement de missions d'appui à la paix». Dans l'éventail de missions qui lui sera dévolu, le CPS/UA aura également à «assurer la mise en oeuvre de la convention de l'OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme (...) à suivre, dans le cadre de ses responsabilités en matière de prévention des conflits, les progrès réalisés en ce qui concerne la promotion des pratiques démocratiques, la bonne gouvernance, de l'Etat de droit, la protection des droits de l'Homme, le respect du caractère sacré de la vie humaine, ainsi que du choix humanitaire par les Etats membres». Par ailleurs, le Conseil spécial de l'OUA réaffirme et confirme que «conformément à la déclaration de Lomé (37e Sommet de l'OUA en 2000) des sanctions (seront prises) chaque fois qu'un changement anticonstitutionnel de gouvernement se produit dans un Etat membre». De ce point de vue, Madagascar, qui n'a pas été invitée au Sommet inaugural de l'UA, semble avoir fait les frais de la nouvelle politique de fermeté de l'OUA/UA. En effet, la dispute du pouvoir, à Antananarivo, entre le président sortant, Didier Ratsiraka, et le président «élu» Marc Ravalomanana, avait quelque peu mis mal à l'aise les dirigeants africains qui tentèrent (accord de Dakar) de trouver un compromis afin de rétablir la situation dans ce pays. Par ailleurs, la nouvelle Union sera dotée d'une Commission africaine, qui succédera au secrétariat général, un Conseil exécutif qui prendra la place du Conseil des ministres ainsi que la création d'un Parlement, d'une Cour de justice, et du Conseil de paix et de sécurité, structures devant donner à la nouvelle née une tout autre envergure que ne put jamais avoir l'OUA. De fait, plusieurs structures viendront renforcer les capacités de l'UA et lui donneront un champ d'action et d'intervention plus que celui dont ne put jamais bénéficier l'OUA. Le 38e et dernier sommet que l'OUA tiendra sous sa forme actuelle, du 8 au 10 juillet, devra entériner les projets d'accords qui présideront à la naissance de l'Union africaine, et octroyer à la nouvelle organisation, les cadres politique, économique, juridique et structurel de son action en lui prodiguant les moyens de ses nouvelles missions.