Ce n'est pas de simples biographies que ces metteurs en scène mettent à notre disposition, c'est une véritable réflexion sur les actions et leurs conséquences, les décisions et leurs résultats. Après plus d'un demi-siècle, Montserrat revient sur Alger avec une autre vision, mais toujours avec la même âme. Cette pièce de théâtre d'Emmanuel Roblès relate la guerre civile du Venezuela, réincarnée par un groupe de comédiens de la Compagnie nationale du théâtre de Côte d'Ivoire au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, dans le cadre du Festival culturel panafricain. Depuis sa création en 1948, cette pièce, dont Albert Camus disait: «Elle ne doit rien à aucune école ou à aucune mode et pourtant elle s'accorde à la terrible cruauté du temps sans cesser de se référer à une pitié vieille comme le coeur humain», n'a jamais cessé d'être jouée dans le monde. D'ailleurs, elle a été adaptée en plus de vingt langues. Horrifié par les traitements que font ses compatriotes aux indigènes, Montserrat, officier espagnol, prend le parti des révolutionnaires vénézuéliens. Alors que les Espagnols comptent arrêter Bolivar, le chef des révolutionnaires, Montserrat le prévient et celui-ci parvient ainsi à s'échapper. Les Espagnols, sous le commandement du général Izquierdo, accusent Montserrat de trahison et l'arrêtent. Au cours de son procès, ils tentent de lui arracher des aveux sur le refuge de Bolivar. Pour y parvenir, six otages pris au hasard sont menacés d'exécution au cas où Montserrat, persisterait à protéger le révolutionnaire. Dénoncer Bolivar pour sauver ces otages ou laisser exécuter d'innocentes victimes pour sauver le chef de la révolution. Tel est le choix cornélien de notre héros. Quant à la cause sahraouie, elle a été à l'honneur le jour suivant, au Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi à l'occasion de la présentation d'une pièce intitulée Bab el Faredj du Théâtre national de la République arabe sahraouie démocratique. La pièce de l'auteur Essalek Allal Lahbib, a été mise en scène par Embairik Abdellah Mohamadou. C'est l'histoire de la femme Sario, qui symbolise les territoires sahraouis harcelés par trois agresseurs, qui multiplient complots, chantages et marchandages pour se partager des biens qui ne sont pas les leurs. Sario résiste par l'aide de ses enfants et tente de faire face aux agresseurs, en dépit des souffrances, des sacrifices et dans un climat hostile à la liberté. Un monarque la demande en mariage et il lui offre un trône, mais la femme rejette l'offre et s'enfuit pour se réfugier chez son voisin. Sario attend toujours l'aube ou Bab el Faredj, qui représente l'indépendance tant attendue par «le peuple sahraoui qui demeure le seul peuple colonisé en Afrique», a déclaré, à l'issue du spectacle, le secrétaire général du ministère de la Culture de la Rasd, M.Mustapha Mohamed Fadel. Au-delà de ces témoignages sur des situations, il y a aussi le combat et la résistance de tout les peuples pour leur indépendance. Ces victimes innocentes qui ont subi l'insupportable et les sacrifices durant des générations. La bonne instruction s'accompagne toujours d'un peu de sagesse populaire. Le spectateur comprend tout de suite qu'il ne s'agit pas de raviver d'anciennes douleurs, mais bien plutôt de profiter des expériences passées et d'éviter de commettre les mêmes erreurs. Là est tout le génie de ces artistes: connaître les faits pour comprendre les événements présents; accepter les anciens traités ou «divorcer avant d'appréhender sereinement l'avenir». Pas de mots savants, rien que des faits précis et des observations pertinentes qui séduiront ces curieux soucieux de l'exactitude historique. Ce n'est pas de simples biographies que ces metteurs en scènes mettent à notre disposition, c'est une véritable réflexion sur les actions et leurs conséquences, les décisions et leurs résultats. A partir de l'histoire, sortir des chemins battus et, sans ressentiment, profiter de nos expériences pour bâtir un avenir dans lequel chacun trouvera sa place.