A quatre mois du 29 novembre, date prévue du scrutin présidentiel, les interrogations demeurent quant à l'organisation effective de cette consultation. Entre une communauté internationale de plus en plus pressante et des difficultés sur le terrain, la préparation de l'élection présidentielle prévue le 29 novembre en Côte d'Ivoire traverse une phase décisive pour la tenue de ce scrutin ajourné depuis 2005. A moins de quatre mois de l'élection censée permettre de tirer un trait sur la grave crise politico-militaire née du coup d'Etat manqué de 2002, la question est sur toutes les lèvres: cette fois-ci sera-t-elle la bonne? Echaudé par les reports en série, le Conseil de sécurité de l'ONU a souligné la semaine dernière que «respecter la date» permettrait aux acteurs politiques ivoiriens de «montrer leur engagement» pour un scrutin libre et transparent. Plus explicite, l'ambassadeur de France aux Nations unies a prévenu qu'en cas de nouveau report «les responsabilités des uns et des autres seraient clairement établies» et que «le Conseil en tirerait les conséquences», s'attirant les foudres de son homologue ivoirien. Sur le terrain, tournées et rassemblements des candidats donnent toutefois corps à l'idée que l'affrontement est proche. Les deux principaux opposants, l'ancien chef de l'Etat Henri Konan Bédié et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara, battent la campagne, tandis que le président Laurent Gbagbo, candidat encore non déclaré, poursuit ses «visites d'Etat» à travers le pays. Surtout, le processus électoral suit son cours. Après la clôture, fin juin, du recensement avec quelque 6,5 millions de personnes enregistrées, le traitement informatique des données a démarré le 20 juillet. Cependant, seule la moitié des centres prévus à cet effet étaient en activité en fin de semaine dernière, a-t-on appris hier auprès de la Commission électorale indépendante (CEI). Les problèmes logistiques invoqués jettent pour certains un doute sur la publication de la liste électorale provisoire, attendue fin août. Plus largement, dans les milieux politiques et diplomatiques, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la possibilité d'être au rendez-vous du 29 novembre. Davantage que le traitement des données, l'étape suivante du contentieux, préalable à la liste définitive, cristallise les craintes. Les accusations de fraude ont fusé au long du recensement, alors que la question de la nationalité demeure ultra-sensible. «La grande incertitude» réside dans le contentieux, analyse une source diplomatique occidentale, pour qui des contestations massives pourraient «compromettre» la tenue du scrutin. Pour «consolider» le processus en cours, une réunion est prévue dimanche à Ouagadougou autour du médiateur, le président burkinabé Blaise Compaoré, selon son représentant à Abidjan, Boureïma Badini. Du côté des autorités ivoiriennes, on se veut en tout cas rassurant sur le respect du calendrier. Si besoin, «on pourra réduire certains délais électoraux», explique un proche de Laurent Gbagbo, promettant aussi de la «flexibilité» sur les dossiers militaires. Car la situation se complique du fait que la réunification du pays, contrôlé depuis près de sept ans au nord par les anciens rebelles des Forces nouvelles (FN), reste en chantier. Le Centre de commandement intégré (CCI), qui doit déployer à terme 8000 hommes au sein de brigades mixtes loyalistes/FN, n'a pour l'heure affecté que quelque 500 éléments. Quant au désarmement annoncé des milices pro-Gbagbo et des combattants rebelles, il n'est toujours pas effectif, alors même que le dernier accord de paix signé fin 2008 prévoit que ce chapitre crucial sera bouclé deux mois avant le scrutin. «Liste électorale, désarmement: en septembre ce sera l'heure de vérité», prédit une source onusienne.