Les Belabésiens qui étaient hésitants au départ, ont finalement tranché sur la question. Plusieurs familles ont pris la destination du complexe du 24-Février. Le phénomène raï continue à dominer la scène artistique de la capitale de la Mekkera. Ainsi, à la deuxième soirée du festival, la musique raï a eu son mot à dire et gain de cause des langues qui se sont élevées contre la tenue du Festival à Sidi Bel Abbès. Les Belabésiens qui étaient hésitants au départ, ont finalement tranché sur la question. Plusieurs familles ont pris la destination du complexe du 24-Février. Deux principales causes ont motivé ce déplacement en masse: un plateau varié, répondant à tous les goûts et toutes les couleurs a été offert. De prime abord, la musique bédouine qui est ancrée au niveau de l'ouest du pays garde toujours son aura. Venu des fins fonds de Mostaganem, cheikh El Bouguirati, disciple de Djilali Tadelès, a su et pu, conduire, à sa manière son orchestre classique. Le sommet de sa prestation a été ingénieux lorsque la troupe Liberté, aux instruments modernes s'est mise, sans avertir, de la partie en accompagnant le cheikh. Les spectateurs, qui étaient à leurs premières folies, ont, sur le champ, opté pour ce nouveau choix, qui est un plat purement local au verbe bédouin rythmé. A son tour, la cheikha Warda, conduite par trois instruments, en l'occurrence bendir, violon et guellal a émerveillé les présents d'un récital exceptionnel. Celle-ci, a offert sa prestation loin des spéculations, surtout lorsqu'elle a rendu, un vibrant hommage à la défunte cheikha Remiti. L'orchestre Liberté, récidive et accompagne la cheikha. Un deuxième style constitué de la musique populaire accompagné par des instruments modernes a été, ainsi, proposé au public qui l'a, sur le champ, adopté. La soirée a entamé ses premiers virages de succès et l'extase lorsque le verbe «cru et net» a accaparé le reste de la fête. Ainsi, trois têtes d'affiche, chantant le raï, se sont, tour à tour, relayés sur le podium. A commencer par la montée illustre, de l'un des rescapés de la génération de cheb Khaled, Mohamed El Abbassi. Cet enfant, natif et résidant de la ville de Sidi Bel Abbès, est allé droit au but. Le public est quasiment juvénile, et acquis au sport; le chanteur transforme sa prestation en éloges données à l'équipe locale, Usmba. On s'en fou du reste. Ce furent là, les premiers signes révélateurs de l'explosion, certaine, des tribunes. Cette musique continue à drainer les foules malgré les critiques les plus véhémentes. Après cet hommage pompeux, le même chanteur hausse le ton et dépoussière son riche répertoire. La complicité a été commune. D'une part, le chanteur tend à donner le meilleur de lui-même, d'autre part, le public ne s y oppose pas. D'autant que ce public sent qu'il est en droit de réclamer et sans cesse, de son fun, fournir son meilleur. En effet, le chanteur a répondu favorablement, surtout en déclamant la célèbre chanson Matahagrouhache (ne la méprisez pas). Cette chanson qui a fait le succès de son interprète a été, longuement, répercutée et médiatisée par le roi de la chanson sentimentale, le défunt cheb Hasni. Pour sa part, cheb Réda, est venu en connaisseur des grands mouvements et mobilisateur des grandes foules. Cet enfant du quartier d'El Hamri, a, dès son apparition, annoncé la couleur. La soirée sera chaude et très animée, a-t-il insisté du haut de la scène. Les chanteurs d'Oran possèdent, à ceux seuls, le secret des grandes foules et cette clef qui fait bouger les plus lourds. Après que les mouvements de création des appellations (des chebs) des années 80 aient eu gain de cause, la tendance de ces dernières années, vire vers des surnoms européens. Réda Taliani en est l'exemple concret d'une alliance d'un nom arabe à un sobriquet italien. Cette fois-ci, un autre cheb se donne un pseudo asiatique. La physionomie de cet Algérois n'est pas tout à fait différente de celle des Japonais. Ce Japonais d'Alger, au verbe algérois, chantant le raï oranais, a été impatiemment attendu par un public boulimique et insatiable. Kader le Japonais n'a pas fait dans le détail, quand il a eu à démontrer que le même raï algérois a son mot à dire devant les ténors de cette phénoménale musique, cela pour ce qui concerne la deuxième soirée. Sur un autre plan, n'ayant, sûrement pas résisté à la forte pression qui pèse sur elle et la grande responsabilité qui lui a été assignée, la directrice de la culture de la wilaya de Sidi Bel Abbès s'est évanouie en plein milieu du stade du 24-Février. La même directrice, n'a depuis, le coup d'envoi, du festival, cessé de jeter son anathème sur ses lieutenants qu'elle qualifie de tous les noms d'oiseaux à la moindre erreur. Aussi, les organisateurs du festival n'ont rien trouvé de mieux à faire que de museler les journalistes, venus en force, couvrir l'événement. Ces derniers ont été cloîtrés dans un coin du stade, loin de la scène, du public et des artistes sous l'oeil attentif des stadiers qui étaient chargés de la mission de surveiller les mouvements des hommes et femmes des médias. Tout mouvement ou entretien avec les artistes doit avoir, au préalable, l'aval, des responsables du festival. Les journalistes ont dû fuir le gazon et ont préféré suivre la deuxième soirée, à partir de la tribune. Aux dernières informations, il se trouve que le département de Khalida Toumi aurait donné son aval quant à la soirée de la clôture de la troisième édition qui sera assurée par le roi du raï, cheb Khaled.