Washington ne traite plus avec Arafat. Les Américains ont-ils une solution pour son remplacement? La détermination américaine à faire partir le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, de la direction des affaires palestiniennes se poursuit. Dernier acte de l'offensive US déclenchée depuis fin juin par le président Bush contre le président élu des Palestiniens, a vu le secrétaire d'Etat américain Colin Powell, révéler que celui-ci ne traitait plus avec Yasser Arafat qui vient de lui adresser une lettre expliquant les réformes qu'il avait entreprises conformément aux exigences américaines. Dans sa lettre, le chef de l'OLP a énuméré les réformes qu'il a engagées, mais a estimé aussi que des progrès en ce sens sont impossibles tant qu'Israël ne réduit pas son activité militaire en Cisjordanie occupée. Certes, Colin Powell a indiqué que les arguments soumis par le dirigeant palestinien «seraient examinés», mais il a réaffirmé la nouvelle position américaine visant à mettre à l'écart Arafat. «Je ne traite plus avec le président Arafat. Nous attendons que de nouveaux responsables émergent ou que soit désignée une nouvelle direction avec laquelle nous puissions travailler», a-t-il précisé ouvertement. Ce manque de «courtoisie diplomatique» de la part d'un chef de diplomatie à l'égard d'un président légitime et de surcroît encore en exercice, prouve désormais que la mise en pratique du processus d'exclusion de Arafat est déjà enclenchée. Il montre aussi le soutien total et effectif du président Bush aux thèses d'Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, selon lesquelles Arafat est le «Ben Laden» de l'Etat hébreu, c'est-à-dire un «terroriste». D'ailleurs, voyant que les Etats-Unis ont, eux aussi, fait sienne cette vision, Sharon est allé jusqu'à donner seulement «six mois» à Yasser Arafat à la tête de l'Autorité palestinienne. Pourtant, de l'aveu même du porte-parole du département d'Etat Richard Boucher, la mise en route de réformes par les Palestiniens sera l'un des sujets à l'ordre du jour de la réunion cette semaine à New York du quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Nations unies) sur le Proche-Orient et à laquelle le chef de la diplomatie américaine va prendre part. Aussi, les observateurs et les analystes des affaires de la région, considèrent que si les Américains ne tiennent plus compte des avis et remarques du leader palestinien, c'est qu'ils ont déjà une solution de substitution et qu'ils attendent le moment opportun pour la faire connaître. En fait, tout est fait pour faire admettre aux Palestiniens d'abord, aux pays arabes ensuite et au reste du monde enfin que la solution au conflit israélo-palestinien est israélienne ou pas de solution du tout.Toute la volonté US de faire partir Arafat de la scène palestinienne et de le sacrifier ainsi sur l'autel de la pseudolutte contre le terrorisme international n'obéit, en fait, qu'à la disposition de Washington à satisfaire aux désirs de Tel-Aviv d'avoir comme vis-à-vis une nouvelle direction docile, sinon fantoche.