Quand les choses commencent à aller en roue libre, il vaut mieux prendre de la hauteur...Et ce n'est pas là un simple effet de style. Réellement et devant la grande peine à se faire un planning quotidien de projections, il valait mieux profiter du séjour dans cette partie de la Suisse italienne, pour visiter le coin. Juste une précision, au préalable, un agenda «normal», dans un festival, c'est ce qui vous permet de caler au moins quatre films par jour. Mais avant de parler de ce beau pays, parlons de ce qui fâche: le documentaire Plomb durci de l'Italien Stefano Savino. A l'entendre, il aurait été si outré par la violence des bombardements sur la bande de Ghaza, par l'armée israélienne (décembre-janvier dernier) qu'il se serait précipité, toutes affaires cessantes, vers le poste frontalier égyptien qui jouxte les territoires palestiniens. Mais voilà, il y a plus qu'un hic, à la vue de tout cela, car à l'arrivée, il y a bien eu des centaines de victimes et ces amas de ruines sur lesquels vont pleurer les Palestiniens de Ghaza (et d'ailleurs) des années encore. «Je n'ai pas fait de commentaire sur ces images», confie le documentariste, oubliant que le montage en est aussi un! Ce montage qui montre, dans l'ordre, Olmert, le Premier ministre israélien d'alors, dire son aversion du Hamas et sa «compassion» (sans rire) pour les Palestiniens. Et puis une caméra, entrée «clandestinement» (sic) à Ghaza pour suivre une procession funèbre jusqu'au cimetière où un «imam» félicitera la foule de sa victoire sur Israël «qui va être rayé de la surface de la terre». Un harangueur dont le téléphone est si connu, pour qu'on l'appelle d'Egypte pour lui dire «heureux, vous les Palestiniens qui mourez en martyrs, alors que chez nous 200 Egyptiens meurent de la route!», quand ce n'est pas un Yéménite qui lui donne un coup de fil pour lui confier «avoir vu dans un rêve le Prophète (QSSSL) combattre à Ghaza avec les djihadistes!»... Tout cela est filmé de la manière la plus «clandestine», par une caméra qui était là au bon endroit et au bon moment! Une caméra qui n'a pas eu le temps de montrer un seul impact d'une bombe au phosphore, par exemple... Il n'y a pas lieu de faire un (mauvais) procès d'intention à l'auteur de ce documentaire (doublement primé d'ailleurs!), mais le doute est permis quant à la maîtrise même du produit filmique. - Léopard d'or: She, a Chinese de Xiaolu GUO, Royaume-Uni/Allemagne/France - Prix Spécial du jury: Buben.Baraban de Alexei Mizgirev, Russie - Léopard pour la meilleure interprétation féminine: Lotte Verbeek (pour Nothing Personal de Urszula Antoniak-Pays-Bas) - Léopard pour la meilleure interprétation masculine: Antonis Kafetzopoulos (pour Akadimia Platonos de Filippos Tsitos, Grèce) - Léopard d'or - Cinéastes du présent: The Anchorage (C.W. Winter et Anders Edström, Etats-Unis / Suède ) - Prix Spécial du jury Ciné «Cinéastes du présent»: Piombo Fuso (Stefano Savona, Italie) - Léopard de la première oeuvre: Nothing Personal de (Urszula Antoniak- Pays-Bas/Irlande)