L'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea) n'est satisfaite qu'à moitié par l'importation d'un million de tonnes de ciment. Les premiers quotas de ciment importé commencent à être livrés à l'Algérie. La commande globale passée par l'Algérie est d'un million de tonnes qui s'ajoutent aux 18 millions produites localement. Abdelkader Sahnouni, l'administrateur général de l'Agea estime que son organisation ne peut pas s'opposer à ce mode de régulation du marché. L'organisation estime que le déficit en ciment a atteint 3 millions de tonnes. Ce n'est pas l'avis de tous les acteurs du secteur. Il y a deux mois, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Nourredine Moussa, avait affirmé que l'offre actuelle concernant ce matériau, estimée à près de 18 millions de tonnes correspond à la demande nationale. Cette analyse est partagée par le président de l'Union des architectes experts, Abdelhamid Boudaoud, selon lequel les quantités disponibles répondent à la demande. L'Agea ne se satisfait pas de ces arguments. Sinon, comment expliquer la hausse des prix et la rareté de ce produit, s'interroge notre interlocuteur. Le responsable de l'Agea montre du doigt d'autres phénomènes qui influencent le marché. La spéculation est parmi les points avancés. Les 1200 adhérents de l'organisation ne comptent pas subir les conséquences de cette situation sans réagir. A une question de savoir quelles sont les mesures envisagées pour atténuer les effets de cette crise, notre interlocuteur souligne que l'organisation a demandé à ses membres de lui soumettre des propositions. Ce n'est que suite à cette démarche que l'organisation tiendra une assemblée générale pour adopter une stratégie de contre-attaque. D'ailleurs, il n'y a pas que le ciment qui est un handicap dans le secteur du bâtiment. Des difficultés sont aussi connues en ce qui concerne l'approvisionnement en d'autres produits comme le rond à béton. Dans ce chapitre, on note que le complexe d'ArcelorMittal couvre 25% de la demande avec ses 600.000 tonnes produites actuellement. L'Algérie en importe trois fois plus pour satisfaire la demande. Tous ces problèmes pèsent sur la marche des affaires. Une centaine d'opérateurs membres de l'Agea ont déjà suspendu leurs projets. Le fait que les embûches soient recensées en période estivale apporte son lot de complications. C'est en ce moment que les particuliers reprennent leurs chantiers, ce qui ne fait que nourrir une tendance vers l'augmentation de la demande. La spéculation pousse les promoteurs, les entrepreneurs et les particuliers à payer un sac de ciment de 50 kg le double de son prix ou presque. De 450 DA à 500 DA le sac de ciment, il a atteint les 750, voire 800 DA dans certaines régions du pays. Si des signes d'amélioration d'approvisionnement du marché n'apparaissent pas rapidement ce sont tous les adhérents de l'organisation qui menacent de mettre un terme à leur activité. L'organisation compte ainsi obtenir de meilleures conditions d'exercice de l'activité des entrepreneurs. L'Association avait exhorté les pouvoirs publics à procéder en urgence à une régulation du marché du ciment pour remédier au déséquilibre actuel du marché, d'où une décision de procéder à l'importation. Cette nouvelle a réjoui l'Agea mais il est curieux de constater le contraste ente sa position alarmiste et le ton calme adopté par le ministre de l'Habitat qui estime que le programme de réalisation d'un million de logements devait être achevé dans les temps en dépit de la pénurie des matériaux de construction, notamment le ciment. A moins que le problème ne touche les programmes publics qui se fournissent auprès des cimenteries en priorité. D'ailleurs, c'est au moment où le prix du sac de ciment a atteint des pics et où des chantiers peinent à voir la fin des travaux que la Société de gestion des participations industrie des ciments a annoncé une hausse de production du secteur public de 6% durant les cinq premiers mois de l'année. Les cimenteries publiques ont produit 4,697 millions de tonnes de janvier à mai 2009, contre 4,439 millions de tonnes pour la même période de 2008, soit une hausse de 6%. Les mêmes sources ajoutent que la production de ciment du secteur public a atteint 11,478 millions de tonnes sur toute l'année écoulée, le reste de la quantité disponible étant produite par le secteur privé.Des extensions de capacités de production des cimenteries de Chlef, de Aïn Kebira et de Béni-Saf sont en cours pour une production supplémentaire globale de 6 millions de tonnes. Mais pas avant 2012.