La commande de 65 millions de doses faite par l'Algérie risque de ne pas être satisfaite. Finalement, l'Algérie aura-t-elle ses 65 millions de doses du vaccin contre la grippe porcine? Rien n'est moins sûr. «La quantité que recevra l'Algérie est beaucoup plus moindre que ce qu'elle a demandé», a estimé M.Slim Belkessam, responsable de la communication au département de Saïd Barkat, tout en s'excusant de ne pouvoir avancer de chiffres pour le moment. Joint hier par téléphone, ce responsable est revenu sur les raisons d'un tel changement. Selon lui, cela est dû, «principalement», à un approvisionnement extrêmement limité pendant plusieurs mois édicté par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). D'autre part, voulant être rassurant, M.Belkessam a révélé que des contrats ont déjà été signés avec des firmes pharmaceutiques en vue d'acquérir la quantité nécessaire pour une immunisation globale de la population. Il a affirmé que les vaccinations concerneront, en premier lieu, les catégories exposées et celles à risque. Comprendre par là, les malades chroniques, les personnes âgées, le personnel médical, les services de sécurité et les pompiers. Mais est-ce que cette limitation touche uniquement les pays pauvres? Tout semble l'indiquer, en effet. Lors d'une conférence de l'OMS au mois de juillet dernier, Margaret Chan, directrice de cette organisation n'a pas hésité à tirer la sonnette d'alarme. Elle a regretté que l'accès au vaccin contre la grippe porcine «soit réservé en premier lieu aux pays développés et ce, au détriment des habitants des pays pauvres». Manière de dire que les pays riches auront plus de quantités de ce vaccin que ne nécessitent leurs besoins. Margaret Chan n'a pas été par trente-six chemins pour dénoncer ce favoritisme qui prend toutes les formes d'une discrimination flagrante. «La part du lion de ces ressources limitées ira aux pays les plus aisés. Une fois de plus, nous voyons que l'avantage va à la richesse. Une fois de plus, nous voyons que l'accès aux médicaments est refusé en raison de l'impossibilité de les payer», a-t-elle regretté. Une situation des plus critiques pour les pays pauvres, sachant que la pandémie ne peut être arrêtée et progresse à une allure inquiétante. A ce sujet, notons que le carnet de commandes est déjà bien rempli avec plus d'un milliard de doses demandées pour l'hémisphère nord, selon l'OMS. La France, qui compte 65 millions d'habitants a, quant à elle, commandé 94 millions de doses pour pouvoir assurer deux injections par personne si nécessaire. Les Etats-Unis ont commandé 195 millions de doses, alors que l'Espagne a fait une commande de 37 millions. Pour ce qui est du Mexique, pays pauvre et le premier touché par la grippe porcine dans le monde, le paradoxe n'est que plus apparent. Ce pays a sollicité un prêt de 400 millions de dollars à la Banque mondiale pour pouvoir acheter 20 millions de doses, alors qu'il compte une population estimée à quelque 107 millions d'habitants. Par ailleurs, l'OMS a annoncé que 25 laboratoires travaillent sur la production de ce vaccin, dont les sept plus grands en assument 85%. Parmi eux, le Français Sanofi-Pasteur, leader mondial des vaccins, le Britannique GlaxoSmithKlein, le Suisse Novartis et l'Américain Baxter. D'autres laboratoires s'activent aussi en Chine, en Roumanie, au Brésil...Dans ce contexte, notons que ce sera la première fois dans l'histoire des pandémies grippales qu'un vaccin sera utilisé à grande échelle. D'après les experts de l'OMS, l'ensemble des grands laboratoires pourraient produire au maximum quelque 94 millions de doses par semaine, pour autant que la souche ait donné un bon rendement.