Les entreprises françaises souhaitent que l'Algérie assouplisse son dispositif visant à réduire les importations. Le port de Marseille est la première victime des nouvelles mesures introduites dans la loi de finances complémentaire de 2009. La structure perd entre 35 à 40% du trafic qui était destiné régulièrement à l'Algérie. Il n'en fallait pas plus pour que les tentatives de faire infléchir la décision de l'Algérie pleuvent. En ces temps de crise, l'Algérie a dérangé plus d'un lobby en adoptant les récentes restrictions pour réduire le flux des importations. Auparavant, il y avait déjà des mesures pour les restrictions des investissements étrangers en Algérie. L'impact sur la présence de la France en Algérie ne s'est pas fait attendre. Même l'ambassadeur n'a pas nié que certaines entreprises ayant entretenu la volonté d'installer des projets en Algérie ont dû renoncer. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a été prompt à se dresser contre les critiques des étrangers en soulignant au Parlement que son nouveau credo de patriotisme économique n'est pas soumis à marchandage. Même l'Union européenne s'est mise de la partie en interpellant le gouvernement algérien par le biais d'une lettre officielle pour demander des explications suite aux décisions prises par le gouvernement. Devant son refus de plier, il était logique de s'attendre à ce que les réactions fusent. Le fait que le trafic marchandises du port de Marseille vers l'Algérie soit fortement pénalisé depuis le début du mois suite aux nouvelles mesures du gouvernement ne fait qu'apporter de l'eau au moulin de toutes les parties nostalgiques d'une mainmise sur l'économie locale. La preuve de ce désarroi provient de la France même. Une organisation qui représente les entreprises du secteur portuaire vient même d'adresser une lettre à la secrétaire d'Etat au Commerce, Anne-Marie Idrac, pour faire part de l'inquiétude des professionnels français travaillant avec l'Algérie. On n'a pas souvenir que le contraire se soit produit et où des Algériens se soient plaints suite à un déséquilibre dans leurs relations avec des partenaires fussent-ils. Pourtant, il y avait même des engins de travaux publics d'occasion qui étaient introduits sur le territoire. Refuser qu'un pays devienne une décharge pour les produits d'autres nations justifie-t-il ces réactions? Personne ne s'inquiétait des transferts de devises évalués en 2008 à 40 milliards de dollars.L'Union maritime et fluviale (UMF) souhaite que la France entame des négociations pour que soient trouvées des solutions intermédiaires à ces mesures radicales. Elle n'omet pas de préciser qu'elle s'érige aussi en avocat de l'Algérie en disant que ces mesures la pénalisent au même titre que la France. Toutes ces données encourageront, sans nul doute, la France à multiplier les tentatives afin d'obtenir un assouplissement des positions de l'Algérie. La menace est grandissante sur les entreprises car le chiffre d'affaires de certaines d'entre elles dépend à 75% de ces exportations. Cette prépondérance a fait que les quatre-cinquièmes du trafic ont disparu. La compagnie maritime Marfret est parmi celles ayant ressenti ce recul. Son directeur général, Bernard Vidil, n'a pas hésité à parler de recul massif de l'activité. Il va même jusqu'à dire que sur le port de Marseille, il y a même des signes d'un désarroi total. Pour atteindre l'objectif de réduction des flux de marchandises vers l'Algérie et de transfert de devises vers l'étranger, le gouvernement a aussi limité les moyens de paiement depuis le 4 août dernier au seul crédit documentaire. Les importateurs n'ont pas eu le temps de s'adapter à ce dispositif et des marchandises sont restées bloquées au port maritime de Marseille, au grand désarroi des exportateurs et des gestionnaires de l'infrastructure. En 2008, les échanges entre le port de Marseille-Fos et l'Algérie, son troisième partenaire, avaient progressé de 8% pour totaliser 8,7 millions de tonnes, soit 9% du trafic global du port. Ces chiffres sont si effrayants que l'UMF demande que la France entame des négociations pour trouver des solutions intermédiaires à ces mesures radicales qui n'arrangent pas nos fournisseurs.