Le Parlement a remis au gouvernement une proposition qui stipule de porter le quota des femmes à 30% au moins au niveau des assemblées élues. Les femmes seront-elles plus nombreuses au Sénat? Les militants et cadres des partis vont-ils leur céder la place? Le renouvellement des membres du Conseil de la nation, en décembre prochain, suscite d'ores et déjà des interrogations. Cette échéance sera le premier exercice pour les partis politiques après l'amendement de la Constitution qui met l'accent sur l'implication de la femme dans la vie politique. Contrairement à l'Assemblée nationale où les femmes sont quand même assez présentes et portent différentes couleurs politiques, au Sénat aucune formation ne dispose de femmes dans ses rangs. Jusqu'à présent, on compte seulement quatre femmes, appartenant au tiers présidentiel, qui siégent dans la première chambre du Parlement. Que ce soit au FLN, au RND ou au MSP, la représentation reste entièrement masculine. «Nous souhaitons bien qu'il y ait des femmes sénatrices», a exprimé la députée Saliha Djeffal. Cette militante du parti majoritaire pense qu'il faut laisser la place à la femme et promouvoir sa présence au niveau de toutes les institutions. Tout en se référant à l'amendement de la Constitution, elle souligne que la volonté politique existe et c'est aux partis de passer à l'action. Selon elle, une proposition de loi a été remise par le Parlement au gouvernement. Cette proposition stipule de porter le quota des femmes à 30% au moins au niveau des assemblées élues. Selon Mme Djeffal, le gouvernement a pris en charge cette préoccupation qu'il a transmis à la commission chargée d'établir les textes d'application. Or, jusqu'à présent, la commission n'a pas rendu compte de ses conclusions. «Nous n'avons aucune idée sur les propositions de la commission nationale», ajoute-t-elle. Sept mois après l'amendement de la Constitution, la loi organique portant sur la promotion des droits politiques de la femme n'a pas encore vu le jour. La proposition du Parlement, souligne-t-elle, a été faite par plusieurs formations politiques. Certes, les partis se disent favorables au renforcement de l'élément féminin dans les institutions, il n'en demeure pas moins que la bataille est loin d'être facile. Devant le nombre restreint des sièges en jeu et l'hégémonie masculine, la compétition s'annonce très rude. «Je pense que les femmes ont de faibles chances pour être élues au Sénat», estime un sénateur et membre du parti majoritaire. Connaissant parfaitement les rouages du parti, ce sénateur reconnaît que l'accès ne sera pas facile pour les femmes élues pour conquérir une place au Sénat. Pourquoi? Il explique tout simplement que l'égoïsme masculin est un élément de taille qu'il ne faut pas ignorer. Effectivement, les hommes ne seront pas prêts à céder la place aux femmes, surtout qu'il ne s'agit pas d'un simple poste. Le nombre restreint des sièges ne présage pas de bonnes perspectives aux femmes. «Il faut attendre peut-être le renouvellement des membres du Conseil de la nation en 2013 pour voir la présence des femmes dans les groupes parlementaires des partis», a-t-il suggéré. Cependant, il prétend qu'avec le renouvellement du tiers présidentiel, les femmes pourraient avoir plus de chance. Le président peut procéder à la nomination de plusieurs femmes. Il y aura certainement beaucoup de femmes qui décrocheront le quitus pour séjourner au Sénat. Sur les 46 membres du tiers présidentiel, 24 seront partants en décembre prochain. Après la nomination d'une femme générale, le président va certainement favoriser l'élément féminin en lui accordant un quota consistant au Sénat. Il y a lieu de rappeler que le nouvel article 29 bis de la Constitution stipule que l'Etat oeuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans les assemblées élues. Cette nouvelle disposition constitutionnelle est «une reconnaissance des sacrifices consentis par la femme algérienne durant la résistance nationale et la Révolution armée, de sa contribution à l'oeuvre d'édification nationale et du courage exemplaire dont elle a fait preuve pendant la douloureuse tragédie nationale».