Les rôles sont partagés. Quand Ben Laden se veut réconciliant, le n°2 d'Al Qaîda se montre menaçant. Une véritable montée en puissance de la subversion médiatique d'Al Qaîda sur le Net est observée ces derniers jours. Sur la défensive depuis pratiquement l'année 2005, Al Qaîda passe désormais à l'offensive. Quand le n°1 tempère son ardeur, le n°2, le bras droit et l'idéologue par excellence de la nébuleuse terroriste, hausse le ton. La brutalité du premier contraste avec l'affabilité du deuxième «J'espère que les moujahidine de la nation islamique vous briseront le dos, débarrassant ainsi le monde et l'histoire de vos crimes, de votre tyrannie et de vos mensonges», a lancé Ayman Al Zawahiri à l'adresse du président américain, Barack Obama, dans une vidéo de 106 mn mise en ligne mardi dernier par le centre américain de surveillance de sites islamistes (Site Intelligence). «M.Obama, l'Amérique a mené plusieurs guerres par le passé et a connu la défaite au Vietnam et dans la baie des Cochons. Mais cette fois-ci (...), vous vous êtes engagés dans une guerre contre la nation islamique qui se réveille et vous saurez ce qu'est la nation du djihad et du martyre», a ajouté l'adjoint d'Oussama Ben Laden. Evoquant le conflit du Proche-Orient, il a lancé une violente diatribe contre les dirigeants arabes pour avoir accepté de «reconnaître Israël, les traités de paix avec lui (...) et la participation aux côtés des Etats-Unis dans la guerre contre l'Islam, au nom du terrorisme». Même si les images et les messages semblent être les mêmes que ceux diffusés auparavant, il n'en demeure pas moins qu'une différence de ton est relevée. Ce ton de menace contraste avec celui tenu par Ben Laden qui avait appelé le peuple américain à faire pression sur l'administration Obama pour qu'elle mette fin aux guerres en Irak et en Afghanistan en échange d'un arrêt des attaques d'Al Qaîda. Cependant, outre le fait que cette montée progressive s'inscrit dans le registre des procédés propres au réseau de Ben Laden, quelques observateurs indiquent qu' Al Qaîda ne fait que dans la surenchère. 21 ans après sa fondation, Al Qaîda est sur la défensive, voire à bout de souffle. Toutefois, huit ans après les attentats du 11 septembre 2001, Al Qaîda, bien qu'affaiblie reste un ennemi tenace, capable de frapper, assurent les responsables américains, qui peinent pourtant à convaincre de la menace une opinion publique locale et internationale lassée par deux longues guerres. Le successeur de Bush, Barack Obama assure que la guerre en Afghanistan a pour but de «désorganiser, démanteler et vaincre Al Qaîda» réfugiée au Pakistan voisin. Depuis juillet 2008, 11 dirigeants d'Al Qaîda ou affiliés ont été tués, dont un expert en armes chimiques et biologiques et le chef des taliban pakistanais. Depuis les attentats à Londres, en juillet 2005, le groupe terroriste n'a pas perpétré la moindre attaque en Occident, pour ne se réserver qu'aux pays musulmans.