L'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, principal rival du chef de l'Etat sortant Hamid Karzaï à l'élection présidentielle afghane, a déclaré hier qu'il surveillera «jusqu'au bout» le processus de vérification des votes supposés frauduleux. «Nous surveillerons tout le processus, jusqu'au bout et à chaque instant», a-t-il dit lors d'un meeting rassemblant quelque 4000 personnes dans un hôtel de Kaboul. «Je veux vous assurer d'une chose. (...) Si nous ne sommes pas complètement satisfaits de la transparence du processus, ce processus ne sera pas soutenu par nous», a-t-il ajouté. L'Afghanistan vit toujours dans l'incertitude politique plus d'un mois après la présidentielle, situation qui fait craindre à des observateurs qu'elle ne profite aux insurgés, qui multiplient les violences depuis plusieurs mois. Selon des résultats préliminaires du scrutin du 20 août, M.Karzaï est en tête avec 54,6% des votes déclarés valides, contre 27,8% à M.Abdullah. Mais ces résultats ne deviendront définitifs qu'après leur validation, à l'issue des nombreuses enquêtes pour fraude en cours. Si un nombre conséquent de votes frauduleux sont invalidés, le score de M.Karzaï pourrait passer sous la barre des 50% et le sortant serait contraint d'affronter M.Abdullah dans un second tour. Ce dernier, qui dénonce depuis le lendemain de la présidentielle une fraude à grande échelle orchestrée par le sortant, a appelé dimanche la communauté internationale à «soutenir la crédibilité du processus électoral». «Si la transparence, la crédibilité et la justice rendent nécessaire un second tour pour cette élection, pourquoi pas?», a-t-il ajouté. Le camp de Hamid Karzaï clame depuis le lendemain du scrutin sa victoire au premier tour. 3063 urnes de vote suspectées d'être frauduleuses ont été mises de côté par les autorités électorales et devraient d'ici jeudi, être acheminées vers Kaboul, ont indiqué les autorités électorales afghanes. Seul un échantillon de 313 de ces urnes, censé être représentatif, sera analysé «sur la base d'une méthodologie statistique éprouvée, dans le but d'assurer un résultat clair à l'élection présidentielle afghane sans délai excessif», selon les mêmes sources. Si les enquêtes pour fraude devaient durer trop longtemps, les autorités craignent de ne pas pouvoir organiser un éventuel deuxième tour dans les dures conditions de l'hiver afghan.