Ils empêchent leurs enfants de se rendre à l'école, un nouveau mode de protestation contre les conditions d'études déplorables. Les parents d'élèves du CEM Irid Mohand Améziane, dans la commune d'Akfadou, se sont unanimement entendus, à l'issue de leur assemblée générale tenue vendredi dernier, de «retenir à la maison leurs enfants aujourd'hui et demain». «C'est la conséquence de l'entêtement de la tutelle à nommer chaque année un nouveau directeur stagiaire», déclarait hier le président de l'APE, Hachemi Lassouag, pour expliquer cette initiative, motivée également par deux autres tout aussi importantes. Cette initiative des parents d'élèves de la zone rurale d'Akfadou n'est d'ailleurs pas la première du genre tant au niveau régional que national. Le recours à la rétention des enfants est devenu le nouveau mode de protestation des parents contre «les conditions d'études déplorables» qui règnent dans différents établissements scolaires. Au CEM Ighil Ouazoug ancien (Béjaïa) et celui du village d'Aït Rahouna dans la commune d'Azzefoun, pour ne citer que ces deux, les parents ont respectivement empêché plusieurs jours leurs enfants de rejoindre l'école. Aussi lorsque ce n'est pas les eaux usées, l'infiltration des eaux de pluie, le manque d'eau, de transport et le déficit en personnel qui sont soulevés, l'on assiste à d'autres revendications tout aussi importantes comme «l'instabilité de l‘encadrement». Au collège d'Akfadou, la nomination annuelle et récurrente d'un directeur stagiaire qui plie bagage dès sa titularisation, a fini par faire sortir les parents de leurs gonds, lesquels désormais crient haut et fort leur «ras-le-bol de cette situation qui perdure». Ces parents ne font, en fait, qu'emboîter le pas aux travailleurs qui, à travers leurs représentants syndicaux, ont déjà déposé un préavis pour une journée de protestation demain. Les enseignants et les travailleurs soulèvent pratiquement les mêmes problèmes. «Chaque année un nouveau directeur arrive pour ne s'occuper que de sa petite personne», indiquait hier un enseignant sur un ton désabusé. Et de préciser: «Et, examen de titularisation oblige, le nouveau directeur s'attelle à toute une paperasse laissant de côté les préoccupations aussi bien des élèves que celles des travailleurs». Cette situation jugée «déplorable» ne peut continuer, semble-t-on dire à l'unisson. «Nous voulons un directeur titulaire qui résidera à Tiniri, à défaut d'un directeur stagiaire résidant localement. Si tel n'est pas le cas, nous demandons le maintien de M.Hannat Malek qui fait fonction de directeur actuellement», écrivent les parents du CEM d'Akfadou dans le communiqué rendu public hier. En d'autres termes, les parents d'élèves ne veulent plus d'un directeur «passager», pour reprendre les termes d'un membre de l'APE. Dans le même document, les parents frondeurs réitèrent leur exigence, celle de réhabiliter l'établissement comme centre d'examen, évoquant par la même occasion le «long trajet effectué à chaque examen durant les grandes chaleurs de juin jusqu'à Sidi Aïch». Au regard des conditions sociales peu enviables de la quasi-totalité des parents et de l'éloignement, l'association des parents d'élèves demande une cantine pour «la restauration de tous les élèves».