Le problème financier semble constituer un des obstacles qui freinent l'application de la nouvelle organisation. «Il est prêt», «presque prêt», «il n'est pas prêt» et «il n'a jamais été prêt» sont autant de déclarations contradictoires faites par nos hauts responsables. Le petit «il», fait référence au nouveau découpage administratif. Attendu et toujours pas visible à l'horizon. Ce dossier a encore de beaux jours à dormir dans les tiroirs. Sans doute renvoyé aux calendes grecques. «Il est fort probable que l'Etat va renoncer à son dossier concernant un nouveau découpage administratif», a confié à L'Expression, une source des Collectivités locales chargée du dossier. Plusieurs raisons ont été évoquées au ministère de l'Intérieur et des collectivités locales ainsi qu'au sommet de l'Etat concernant «l'infaisabilité» d'un tel projet. L'Etat peine à mettre en place une meilleure étude «fiable et faisable» qui peut prendre en charge tous les volets, socio-économiques notamment, d'un tel projet qui est à la fois sensible et important. Enumérant ces obstacles, la même source commence par le problème financier. Sans avancer un chiffre exact et détaillé, celle-ci indique que ce projet coûtera des milliards de dinars au budget de l'Etat. «On était parti pour promouvoir une centaine de daïras au rang de wilayas déléguées, mais, avec un tel nombre on s'est rendu compte que l'Etat doit débloquer une enveloppe budgétaire faramineuse. On est arrivé à un chiffre immense. C'est ce qui a poussé le gouvernement à revoir sa copie concernant ce dossier», a-t-elle expliqué. Ces coûts sont dus au fait que c'est l'Etat qui couvrira tous les frais liés aux équipements et à la prise en charge des problèmes socio-économiques de chaque wilaya déléguée. «Une wilaya déléguée doit englober plusieurs directions: santé, hydraulique, travaux publics, commerce, agriculture, culture, etc. Pour ce faire, il faut mobiliser du personnel qualifié, former des cadres, créer des cités administratives, mobiliser des sommes colossales pour l'équipement de ces wilayas déléguées. C'est plus compliqué qu'on ne l'imaginait.» L'autre raison évoquée par la même source est directement liée à la société. Explications: l'Etat veut éviter de susciter des mécontentements au sein de la société. Le découpage administratif était, à la base, une revendication des citoyens qui demandaient de rapprocher l'administration de l'administré. Or, nombreux sont les habitants des daïras peuplées se trouvant éloignés des chefs-lieux de wilaya. «On ne peut pas promouvoir plus de 100 daïras et en même temps on ne peut satisfaire toutes les demandes des citoyens qui manifestent leur souhait de voir les daïras promues en wilaya.» Notre source a indiqué d'autre part que le gouvernement veut éviter de tomber dans le même problème lorsqu'il a promu certains lieux-dits en wilayas occasionnant un grand surcoût pour la mise à niveau de ces villages devenus subitement chefs-lieux de wilaya. «Il ne s'agit pas seulement de promouvoir une daïra au rang de wilaya pour juste rapprocher le citoyen de l'administration, mais de faire en sorte que toutes les wilayas puissent assurer le minimum de leur autofinancement», ajoute notre source. Notons, par ailleurs, que M.Daho Ould Kablia, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, chargé des Collectivités locales, a confirmé mercredi dernier à partir de Ghardaïa que «le nouveau découpage n'a jamais été prêt». «Je peux vous affirmer que rien n'a été décidé sur ce dossier. On n'a arrêté ni le nombre de daïras qui seront promues en wilayas, encore moins les noms des villes concernées.» Tout en insistant sur le fait qu'il s'agit «d'un dossier très complexe», M.Ould Kablia vient, ainsi, d'écarter du revers de la main, toutes les déclarations faites antérieurement par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia, Premier ministre et Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales. Lors de son discours prononcé l'année dernière devant les cadres de l'Armée, M.Bouteflika est revenu sur l'importance de réviser l'actuel découpage administratif pour permettre à l'Etat de corriger les déséquilibres enregistrés. De son côté, Ahmed Ouyahia, Premier ministre, a affirmé, lors de son passage à la chambre basse du Parlement, que le gouvernement procédera à un nouveau découpage administratif qui verra la mise sur pied d'une nouvelle organisation pour mieux rapprocher l'administration du citoyen. M.Zerhouni a affirmé, maintes fois, que le projet est prêt et que l'annonce de la nouvelle organisation administrative est imminente. Il a même affirmé qu'une centaine de daïras seront promues (provisoirement) au rang de wilayas déléguées avant d'acquérir le statut de wilaya à part entière.