Le premier magistrat du pays a été saisi par lettre, dont une copie a été adressée à notre rédaction, par les familles des détenus. «Monsieur le Président, nos enfants souffrent depuis plus de 3 mois et font souffrir leurs familles, leurs proches et leurs enfants», est-il écrit dans la lettre. Les détenus, 12 au total, ont été arrêtés le 7 avril 2002 à Sidi Aïch et ont été placés sous mandat de dépôt depuis le 9 avril 2002 à la maison d'arrêt de Béjaïa. Parmi ces détenus, «figurent des éducateurs, des cadres et des chefs d'entreprises. Ils ont laissé leurs emplois, leurs familles et surtout leurs enfants, en bas âge pour la plupart», est-il indiqué dans la lettre qui précise que «l'un d'entre eux, n'a même pas pu assister à l'enterrement d'un membre de sa famille il est depuis sous le choc, alors que d'autres souffrent de maladies chroniques». Dans le même document, les familles de ces détenus se sont notamment interrogées sur les raisons de cette détention et les reproches portés contre leurs enfants qui ont choisi d'exprimer, pacifiquement, des revendications pourtant jugées légitimes, et qui ont choisi de rester dans leur pays pour contribuer à la construction d'un Etat de droit. «Que leur reproche-t-on, sinon d'avoir porté pacifiquement des revendications que vous-mêmes aviez jugées légitimes?». «Que leur reproche-t-on sinon d'exercer leur devoir de citoyen en s'impliquant aux côtés des jeunes, pour les aider à exprimer leur besoin pacifiquement?». «Que leur reproche-t-on sinon d'avoir choisi de rester dans leur pays pour contribuer à la construction d'un Etat de droit et à l'épanouissement de la citoyenneté?», est-il écrit dans la missive avant de s'en remettre au premier magistrat du pays pour qu'il use de ses prérogatives. «Nous vous demandons, Monsieur le Président, de bien vouloir user de vos prérogatives pour libérer nos enfants et mettre ainsi fin à cette situation pour le moins insupportable.» Rappelons que Bouteflika est déjà intervenu pour la libération des étudiants de Bouzaréah condamnés à des peines allant jusqu'à deux années de prison. La question des détenus mobilise, actuellement le mouvement des ârchs. Une batterie d'actions a été programmée, dont la plus spectaculaire est l'expulsion des chefs de daïra après l'ultimatum qui expirera le 28 juillet à minuit. Cela en plus des sit-in à Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou devant les tribunaux, la marche de demain à Tizi Ouzou, ainsi que la grève des détenus de Béjaïa qui en est à son cinquième jour.