Les producteurs privés de ciment couvrent près de 40% des besoins du marché et estiment que la spéculation est le fait des revendeurs. Les gestionnaires d'Algerian Cement Company pensent avoir trouvé la solution pour lutter efficacement contre les spéculations sur le marché du ciment. Les responsables de l'entreprise, passée depuis quelque temps sous le contrôle du français Lafarge, privilégient la multiplication des distributeurs du produit auxquels ils ne fourniront, par conséquent, que de petites quantités afin de limiter la spéculation. C'est ce qu'a déclaré hier Omar Bakir, directeur des ventes d'ACC, en marge d'un séminaire sur les technologies du béton, organisé à l'hôtel Hilton. Par sa production, l'entreprise couvre près de 40% des besoins du pays en ciment gris. Elle est même exportatrice d'autres variétés comme le ciment blanc étant donné que les quantités produites dépassent les besoins du pays. 550.000 tonnes de ce produit sont fournies annuellement par son usine. En somme, il est expliqué que le prix du sac de ciment de 50 kg, couramment utilisé dans la construction, ne pose pas de problème à l'entreprise. C'est le marché, et lui seul, qui pervertit la chaîne d'approvisionnement, selon ce même responsable. Omar Bakir s'étale aussi sur les relations de l'entreprise avec ses clients en disant qu'il essaye d'entretenir avec eux des relations durables. D'ailleurs, 40% de ses ventes sont destinées aux grandes sociétés d'Etat qui réalisent des projets de travaux publics ou de construction de logements. Pour le reste, la compagnie est en contact permanent avec les cabinets des walis à travers le pays pour déterminer les besoins des sociétés qui y opèrent. De cette manière, il y a une planification des approvisionnements pour qu'il n'y ait pas de rupture sur les chantiers. Les autoconstructeurs sont une autre catégorie qui vient s'approvisionner aux dépôts de la compagnie au nombre de quatre dont deux à l'Est comme celui de Béjaïa. Les autoconstructeurs ne peuvent pas être livrés par les cimenteries publiques et se rabattent sur cet opérateur privé. La production des deux usines situées à M'sila et à Mascara peut atteindre 7 millions de tonnes par an. 4,2 millions de tonnes sortent de l'usine de M'sila et 2,2 millions de celle de Mascara. La consommation totale du pays atteint 18 millions de tonnes. Cette année, il y a un million de tonnes qui devraient être importées alors que le déficit en offre est estimé, selon Omar Bakir, à 500.000 tonnes. Pour l'année prochaine, il y aura encore un déficit d'un million de tonnes qui sera comblé par l'importation. Même les 11,5 millions de tonnes produites par le secteur public ne sont pas suffisantes pour répondre à la demande d'où l'appel d'offres lancé récemment visant à installer deux nouvelles cimenteries en Algérie. Abordant la question des prix, le même responsable a précisé, qu'en sortie d'usine, le sac coûte 330 dinars toutes taxes comprises. Dans ses dépôts, comme à Béjaïa et Sétif, il est cédé à 415 DA. Certains pourraient faire observer que le prix est plus élevé que ceux pratiqués par les cimenteries publiques, mais la qualité se paye, selon les propos de M.Sadat Hocine, senior manager chargé de marketing chez ACC.Il poursuit en disant qu'il y a des périodes où la demande enregistre des pics comme lors de chaque été où lors des dates correspondant au lancement de grands projets. C'est le moment où la tension est la plus forte sur le produit et où le prix connaît une envolée à plus de 1000 DA pour deux sacs de 50 kg. Chez ACC, il y a 500 clients qui franchisent chaque jour le seuil de ses usines et de ses dépôts. Ils sont composés d'entreprises et de distributeurs. Ces derniers sont actuellement au nombre de 100 et l'entreprise veut porter le nombre à 200. ACC, en collaboration avec le ministère du Commerce et les directions de la concurrence et des prix, tente régulièrement de contrôler le marché pour l'expurger des comportements tendant au monopole, mais cette tâche est difficile, reconnaissent ses responsables. Vendre à des entreprises de réalisation sans passer par des intermédiaires est une autre méthode de régulation du marché. 40% des ventes sont déjà destinés aux entreprises. Lors de cette rencontre, d'autres sociétés activant dans le secteur des adjuvants comme Sika étaient aussi présentes. Mlle Akniouène, chargée de marketing à la société nous a indiqué que le catalogue de la gamme des produits de l'année prochaine est déjà disponible afin de satisfaire la demande des clients qu'ils soient institutionnels ou particuliers. Le même objectif est recherché par d'autres compagnies comme Granitex ou encore Tekna.