Près de 200 journalistes venus des quatre coins du monde couvriront ces élections. C'est le jour J. Plus de 5 millions de Tunisiens se dirigeront aujourd'hui, vers 12.000 bureaux de vote pour des élections jumelées de la présidence de la République et des législatives. Si le sort de la présidentielle a été scellé depuis longtemps puisque le président sortant a quasiment assuré sa réélection, en revanche, l'opposition lorgne du côté des législatives. Quelque 181 listes ont été présentées dont 166 partisanes et 15 indépendantes pour prétendre à 214 sièges au niveau du Parlement. Le parti au pouvoir, le RCD, accaparera 75% des sièges et l'opposition se disputera les 25% restants soit 53 sièges. De prime abord, il n'y a aucun enjeu dans ces élections, mais l'intérêt que portent les médias internationaux à cet événement prouve tout le contraire. Près de 200 journalistes de la presse écrite, des télévisions, des radios et des agences de presse venus des quatre coins du monde couvriront ces élections qu'on dit justement sans enjeu. L'ambiance était celle des grands jours hier au siège de l'Agence tunisienne de presse étrangère (Atce) qui grouillait de journalistes. Et rares sont les événements où la Tunisie se trouve placée sous les feux de l'actualité internationale. Au moins trois journaux algériens de la presse écrite, L'Expression, Liberté et l'Horizon couvrent ces élections, en plus des quatre Radios nationales que sont les Chaînes I, II, III et IV. Les médias arabes sont fortement représentés. L'Egypte a dépêché un arsenal de journalistes composé de la Télévision nationale, des journaux comme Al Ahram, Al Ousbou, Al Akhbar (opposition), Madjelat October (hebdomadaire). Les Libanais n'ont pas manqué le rendez-vous puisque plusieurs journaux et télévisons comme TV Akhbar Al Moustakbal, ont été accrédités à Tunis. La Syrie, le Maroc, la Palestine ont également marqué leur présence. Mais il n' y a pas que les médias arabes. Les Européens, les Asiatiques et les Américains ont eux aussi couvert les élections tunisiennes. Aussi retrouve-t-on France 24 (télévision française), AP (agence d'information américaine), la EFE (une agence d'information espagnole), Radio France internationale, Radio Montecarlo, la BBC, la DW TV (Télévision allemande), la Chaîne ARD (allemande), Berliner Zeitung (un quotidien berlinois), NHK (une télévision japonaise), NBC, Al Jazeera et Al Arabia, pour ne citer que ces médias. C'est dire que la Tunisie a été placée sous les feux de la rampe l'espace d'une élection qui ne laisse pas indifférents les médias de la planète. L'épisode de l'interdiction à la journaliste du Monde, Florence Baugé, d'entrer sur le territoire tunisien, fait encore couler beaucoup d'encre. Dans son édition d'hier, la presse tunisienne n'a pas fait qu'étaler sur ses manchettes l'artisan du changement, le président Zine El Abidine Ben Ali. Des répliques «violentes» ont été relevées sur certains quotidiens, notamment de la presse d'expression francophone. «Quand une journaliste du Monde appelle au meurtre» a écrit le quotidien tunisien Le Temps reprenant un article de Valentin Mbougueng d'Afrique Asie. «La justice internationale, qui a condamné il y a six ans, deux responsables de la tristement célèbre Radio rwandaise "Radio Télévision Mille Collines" pour incitation au génocide de 1994, devra-t-elle se pencher sérieusement sur le cas de la journaliste française Florence Beaugé du quotidien français Le Monde?», lit-on dans cet article qui dénonce fortement celui écrit par la journaliste du Monde sur la Tunisie le 22 octobre dernier. On y lit dans cet article notamment: «Résignés, indifférents, mais par-dessus tout tenaillés par la peur, les Tunisiens attendent. Quoi? Ils ne le savent pas très bien». Que «la mort», «un coup d'Etat», voire «un attentat», disent-ils un peu gênés, presque honteux, viennent les délivrer de cette soumission à un régime qui leur pèse. Des propos qualifiés de «dérives» par l'organe central du RCD Le Renouveau. Sous le titre Quand Le Monde de Florence se fâche Aymen Hacen, un universitaire tunisien a mis tout son talent de rédacteur pour descendre en flammes l'article de Mme Beaugé. «Un chapelet de propos outranciers et haineux qui attestent d'un daltonisme et d'une schizophrénie évidents, n'hésitant pas à affubler ses confrères tunisiens de "presse de caniveau", elle ne craint pas de donner d'elle-même l'image d'une journaliste de caniveau, tellement son propos est insoutenable», a écrit cet universitaire déçu par la journaliste française. «De la vérité, des faits, Florence n'en a cure, elle nous sert les poncifs les plus éculés ainsi que sa sempiternelle tarte à la crème des droits de l'Homme et le traitement réservé aux gentils "défenseurs des droits de l'Homme" qui sont méchamment "martyrisés" et tout et tout...Est-ce vrai? Mais oui ils l'ont dit à Mme Beaugé: les sources d'informations de Florence sont en béton, inattaquables puisque puisées auprès de ces "martyrs"...».