Les sociétés de travail intérimaire pourraient être introduites par des investisseurs algériens résidant en France dès que la loi algérienne le permettrait. Les projets d'investissements des Algériens résidant à l'étranger seront orientés vers des secteurs précis. C'est pour définir les contours de cette nouvelle politique que l'Association des banques et des établissements financiers participera le 15 de ce mois, au Maroc, à une réunion initiée par la Banque africaine du développement. Nos sources indiquent que le temps n'est plus à la réflexion sur le sujet, mais qu'il s'agit effectivement de passer à une phase de mise en oeuvre de décisions très concrètes. C'est, en tout cas, ce que pense Tahar Rahmani, délégué général de l'Agence pour la coopération internationale et le développement local en Méditerranée (Acim). Ce responsable était d'ailleurs à Alger à la fin du mois dernier à la tête d'une vingtaine d'investisseurs potentiels qui ont choisi de prospecter le marché algérien. L'association annonce que quelques projets semblent ainsi immédiatement opérationnels. Il s'agit d'un centre de formation et d'une usine de conservation dans la pêche. Toujours dans l'agroalimentaire, il est fait état d'un projet d'exportation de fruits et légumes vers la France. Dans le secteur du tourisme, c'est un centre de vacances dans l'Oranie qui a eu les faveurs des investisseurs. Les domaines liés à la technologie et à l'industrie, ne sont pas négligés. Un centre de certification dans le métier de l'énergie devrait aussi voir le jour grâce à l'argent des émigrés. Ces initiatives ne sont pas faites seulement pour plaire au ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Communauté nationale à l'étranger, Djamal Ould Abbès. Même la Commission européenne est intéressée par les initiatives concernant le retour des émigrés dans leurs pays d'origine. Elle est aussi intéressée par la transparence des circuits de transfert d'argent afin qu'il n'emprunte pas des canaux gérés par la mafia au risque d'être destinés à des entreprises douteuses et au financement du commerce de la drogue et du terrorisme. Selon Acim, ces investisseurs ne sont pas rebutés par les changements du cadre juridique d'investissement en Algérie à l'issue de la loi de finances complémentaire de 2009. Dans les ressources humaines, les chefs d'entreprise ont validé que leurs projets sont destinés à la formation professionnelle et à la création de sociétés d'intérim. Ce serait une première dans le pays qui n'a pas encore de sociétés permettant de gérer les ressources humaines pour le compte d'une autre entreprise. L'agence Acim ainsi que la Commission européenne à travers le programme Invest In Med sont même d'accord pour prolonger les actions de prospection par la mise en place d'un atelier thématique sur ce dossier. Le tourisme bénéficie de la même attention. Si ces projets arrivent à leur terme, il viendront s'ajouter aux transferts des travailleurs vivant à l'étranger qui ne représentent actuellement qu'une faible part du PIB par rapport aux autres économies méditerranéennes. Le montant serait de 4 milliards de dollars par an. Le Forum méditerranéen des instituts des sciences économiques a constaté qu'en 2007, ces transferts représentaient 2,2% du PIB. La consolation vient du fait que cette situation fait que l'économie du pays est l'une des moins vulnérables concernant ce canal de transmission en temps de crise, lorsque les émigrés sont privés de travail dans les pays européens où se trouve une forte communauté algérienne. A cause du chômage en Europe, les premières estimations envisagent une baisse de 17% des envois de fonds, selon la même source. L'investissement envisagé est aussi appelé à redresser la situation dans ce domaine, car l'apport des étrangers a diminué. Les investissements ont connu une baisse d'environ 3 milliards de dollars en 2008, soit 40% en moins par rapport à l'année précédente. L'abandon ou la mise en veille de nombreux projets financés par les pays du Golfe en sont la cause principale. Et le manque à gagner en emplois est l'une des conséquences de ce tassement.