Une nouvelle sortie de l'Iran qui risque de chambouler de nouveau les discussions sur le dossier nucléaire iranien. Cette nouvelle position n'a pas été affichée par le président Mahmoud Ahmadinejad ni par les diplomates iraniens et encore moins par ceux qui sont chargés du dossier auprès de l'Aiea. C'est le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khameneï, qui vient d'afficher sa position. Ce dernier a annoncé, hier, qu'il refuse un dialogue basé sur un rapport de force «loup-agneau» et que l'Iran ne prendrait pas part à des négociations dont les résultats sont imposés par Washington. «Nous ne voulons pas d'une quelconque négociation (sur le dossier du nucléaire) dont le résultat serait dicté à l'avance par les Etats-Unis», a déclaré M.Khameneï dans un discours à des étudiants, à la veille du 30e anniversaire de la prise de l'ambassade américaine de Téhéran. Revenant sur la volonté du président américain qui a souhaité «tourner la page» avec l'Iran, le Guide suprême a déclaré que Barack Obama ne montre rien sur le terrain pour aller de l'avant. «Ce nouveau président américain (Barack Obama) a envoyé des messages suivant la voie orale et par écrit nous proposant de tourner une page et de coopérer pour régler les problèmes du monde», a déclaré l'ayatollah Khamenei. Et d'ajouter: «Au cours des huit derniers mois, ce que nous avons constaté est contraire à ce qu'ils disent. En apparence, ils disent négocier mais en même temps ils menacent et indiquent que si ces négociations ne mènent pas aux résultats qu'ils escomptent, ils vont faire ceci ou cela.» Cette sortie du guide suprême intervient au moment où Téhéran s'est prononcé favorable à une réunion internationale à Vienne sur le combustible iranien pour son réacteur de recherche. Mais l'Agence internationale de l'énergie atomique presse Téhéran de répondre à sa proposition soumise le 21 octobre portant un accord aux termes duquel l'Iran ferait enrichir à l'étranger son uranium faiblement enrichi afin d'obtenir du combustible pour son réacteur de recherche. Téhéran a réservé sa réponse en demandant davantage de négociations sur cette proposition. C'est ce qui a poussé le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Mohamed El Baradeï à exhorter Téhéran à être le plus ouvert possible et à répondre rapidement à sa proposition sur le nucléaire, dans un discours aux Nations unies. «Répondre aux inquiétudes de la communauté internationale sur les intentions futures de l'Iran est d'abord une question d'établir la confiance, ce qui ne peut être atteint que via un dialogue», a plaidé le chef de l'agence onusienne. Et d'ajouter: «En conséquence, j'exhorte l'Iran à être aussi ouvert que possible pour répondre rapidement à ma récente proposition, fondée sur l'initiative des Etats-Unis, de la Russie et de la France, qui vise à engager l'Iran dans une série de mesures qui pourraient établir la confiance et ouvrir la voie à un dialogue complet et substantiel entre l'Iran et la communauté internationale», a encore dit le diplomate. De son côté, la communauté internationale continue à exercer sa pression sur l'Iran, lui demandant de répondre rapidement au projet d'accord de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea). «Nous pressons l'Iran d'accepter la proposition (...) qu'ils ont acceptée en principe», a déclaré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à partir du Maroc et d'enchaîner: «C'est un tournant pour l'Iran. La pleine acceptation de la proposition (de l'Aiea) serait une bonne indication que l'Iran ne veut pas être isolé et veut coopérer» avec les grandes puissances sur le dossier nucléaire, a-t-elle dit.