Le parti de Hocine Aït Ahmed se refuse à nouer des alliances pour les partielles du 24 novembre. « Ceux qui nous appellent aujourd'hui à élaborer une démarche commune étaient déjà dans une logique de participation, bien avant la dissolution des assemblées en Kabylie. N'ont-ils pas applaudi ce coup de force contre le FFS qui visait à singulariser la région ? Nous refusons de travailler avec ceux qui veulent faire du FFS un escabeau », a répété Ali Laskri, le premier secrétaire national du FFS, à l'occasion d'un meeting de campagne animé jeudi dernier à Tazmalt. Les propos s'adressent comme tout le monde l'aura compris au RCD qui, via notamment les déclarations de son leader, avait invité le parti rival à des alliances pour contrer les tentatives du pouvoir de normaliser la région et d'introniser ses agents à la tête des institutions locales. L'analyse partagée en l'occurrence par les deux « frères ennemis » ne suffit donc pas à impulser et motiver le rapprochement. Par la voix de son premier secrétaire, le parti de Hocine Aït Ahmed a identifié les partis de l'Alliance présidentielle comme adversaires à envoyer au tapis lors des prochaines joutes. Une alliance tenue pour responsable des dérives politiques et économiques dans le pays, dont la « fausse réconciliation nationale », la loi sur les hydrocarbures, le recul des libertés démocratiques... En somme, comme déjà annoncé, le FFS fait de la campagne électorale pour les partielles une tribune pour réitérer l'objectif de réhabiliter le politique, même si, comme fait à Tazmalt, le point de départ peut être focalisé sur le pouvoir local. Celui-ci est un moyen pour contrer des options du pouvoir central, insiste-t-on, en prenant exemple, entre autres, sur la « résistance » des élus FFS contre les nouveaux textes régissant le foncier (centralisation des agences foncières locales en agence de wilaya). Devant une assistance nombreuse, dont l'importance donnait l'air de surprendre les organisateurs du meeting eux-mêmes, la parole a été donnée à un cadre du M'zab, en la personne de M. Djelmani, premier responsable de la Fédération FFS de Ghardaïa, pour appuyer un engagement politique global du parti. Achour Belkhichane avait au préalable donné un long aperçu sur les perspectives de développement pour la localité, en soutenant que son équipe s'engage à parachever le travail déjà entamé. A l'issue du meeting, qui aura duré près de quatre heures, une marche drainant les quelques centaines de citoyens ayant résisté aux morsures du froid de la fin de journée a été improvisée vers le siège de la section locale du FFS. Par ailleurs Ali Laskri, a été l'hôte de la ville des Ouadhias, hier. Dans un discours axé sur les articulations connues au plus vieux parti de l'opposition, comme « la dissidence citoyenne », « revendication d'une assemblée constituante » et « faire barrage aux cercles occultes du pouvoir », Ali Laskri n'a pas cessé de mettre en garde contre la stratégie du pouvoir qui « fait tout pour singulariser la Kabylie ». Devant une salle à moitié pleine (quelque 300 personnes), l'orateur fera une rétrospective des étapes douloureuses vécues par le pays depuis l'indépendance pour appuyer son réquisitoire contre le pouvoir. « Depuis l'indépendance, le pouvoir a toujours montré un caractère fasciste et autoritaire », dira l'orateur. Plus explicite, M. Laskri rappellera à l'assistance, en présence des candidats locaux de son parti, « les différents coups de force du régime », depuis celui de l'armée des frontières en 1962 aux événements tragiques de 2001 en Kabylie, passant par le coup d'Etat contre Ben Bella en 1965 et l'arrêt du processus électoral en 1992 auquel le FFS s'est toujours opposé. Concernant les prochaines élections partielles, le premier secrétaire du FFS les inscrit au registre des tentatives du pouvoir à « marginaliser la Kabylie ». « Au début, le FFS a rejeté que la dissolution des assemblées locales soit limitée à la Kabylie uniquement car les élections locales de 2002 ont été irrégulières à l'échelle nationale », dira le conférencier. « Le pouvoir a réussi à déstabiliser la Kabylie, cette fois-ci, après avoir échoué en 1998 avec l'assassinat programmé de Matoub Lounès, dont les commanditaires ne sont toujours pas jugés », ajoutera-t-il devant un public attentif en faisant allusion à la dégradation du climat social et sécuritaire dans la région depuis les événements de 2001. Au sujet du processus du dialogue mené par le chef du gouvernement avec la délégation des archs, le premier responsable du FFS parlera d'« un dialogue d'Ouyahia avec lui-même », en qualifiant les représentants des archs de « supplétifs à la solde du pouvoir ». Par la suite, lorsque M. Laskri évoque le dernier scrutin pour la réconciliation nationale, il dira : « Si le pouvoir avait accepté la réconciliation proposée par le FFS en 1992, on aurait épargné la mort à des milliers d'Algériens et quelque 150 000 disparitions forcées. » Il se demandera aussi : « Pourquoi les décideurs ont rejeté la conférence nationale proposée par le FFS en 1995 et n'ont pas répondu au mémorandum qui leur a été adressé ? » « Avec la réconciliation qu'ils ont soumis à référendum le 29 septembre dernier, ils n'ont fait que renforcer le pouvoir occulte et institutionnaliser l'islamisme politique », martèlera Ali Laskri. Mohamed Naïli, Mourad Slimani