Un nouveau boycott des locales signifierait la mort politique du parti. La participation du FFS aux locales, la libération des détenus de la Kabylie, l'échec de sa politique de soutien aux ârchs, la perte de son soutien médiatique et de ses relais au pouvoir, mais surtout l'effritement de sa base et sa séparation d'avec le MCB de L'hadi Ould Ali, sont autant d'éléments politiques qui attestent de la fin d'une époque pour le parti de Saïd Sadi, le RCD. Cette formation politique, longtemps le symbole de la démocratie dans le pays, réussissant à mobiliser des foules immenses dans les années 90, et qui a été le porte-voix de la lutte contre l'intégrisme islamiste se retrouve, aujourd'hui, dans une position politique très délicate. Pris de court par son ennemi juré le FFS, elle hésite encore à se prononcer sur la question des élections locales. Les rares cadres du parti sont actuellement en conclave à Tigzirt où ils préparent en catimini les listes du parti aux prochaines locales. La décision finale sera prise au plus tard le 15 août par le président du RCD Saïd Sadi. Il est clair que la nouvelle donne qui s'est posée dans la région au lendemain de l'annonce de la participation du parti d'Aït Ahmed aux municipales a considérablement brouillé les cartes déjà rares du RCD. Le FFS a réussi à négocier positivement la libération des détenus kabyles au moment où les voix des ârchs se sont tues et que le RCD a épuisé tous ses atouts. Ce qui a considérablement amoindri les chances de ce pseudoparti démocrate de reprendre du terrain en Kabylie, mais aussi à Alger. Depuis sa sortie «mal calculée» et hâtive de retrait du gouvernement, le RCD n'a pas cessé de multiplier les erreurs politiques. En voulant reprendre du service en Kabylie après avoir considéré sa participation comme positive au gouvernement, le RCD avait tablé sur le mouvement citoyen pour se refaire une virginité politique. Un choix, une nouvelle fois, mal calculé puisque le mouvement des ârchs radicaux n'a fait qu'effacer les rares relations que le RCD gardait encore intactes avec le pouvoir et de l'entraîner dans une impasse politique sans précédent. Saïd Sadi, qui a toujours géré son parti d'une manière «autoritaire», a tout fait pour rester seul aux commandes du parti. L'exclusion de Khalida Messaoudi, le départ volontaire d'Amara Benyounès, le retrait d'Ali Brahimi, ancien porte-parole du parti qui pourrait annoncer dans les prochains jours la naissance d'un nouveau mouvement politique proche de la mouvance démocrate, n'ont fait qu'accentuer la crise dans le parti et surtout à réduire la base dont certains ont rejoint le FFS et d'autres sont restés collés au néo-mouvement des ârchs. Le docteur Sadi a réussi tout de même à garder quelques cadres importants du parti comme façade, tel Hamid Lounaouci, le seul ministre du parti désigné comme le responsable «suprême» de la communication dans le parti, Fardjallah et Tarek Mira, deux cadres «posés» qui ont toujours servi l'intérêt du parti plus que celui de leur président. Le docteur, qui n'arrive pas à trouver un remède pour sauver son parti de la descente aux enfers, a tenté de donner une image de victime du pouvoir en créant de toutes pièces. L'affaire du kidnapping d'un militant et la tentative d'un assassinat fomenté par les services. Une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre et qui a montré les limites d'un parti qui a bâti sa réputation sur la lutte contre l'intégrisme. Un discours politique qui a été d'ailleurs récupéré par le RND d'Ahmed Ouyahia. L'échec d'une alliance politique entre démocrates et l'absence d'un consensus autour des législatives a poussé encore plus le parti vers l'impasse. Le président du RCD a même tenté, dans un moment d'égarement, d'intégrer l'internationale socialiste, mais c'était compter sans la vigilance du FFS qui, très vite, a réussi à déjouer le plan magistral de Sadi. Avec le nouvel épisode de L'Hadi Ould Ali, secrétaire général du MCB exclu du RCD pour incompétence dans les tentatives de rapprochement avec les ârchs, mais surtout pour avoir échoué dans l'exclusion des militants du FFS du mouvement citoyen. La seule alternative pour le RCD pour sortir de ce profond fossé politique, c'est la participation aux locales et la convocation d'un congrès extraordinaire du parti qui verra peut-être l'arrivée d'un nouveau dirigeant du parti. Après son refus de participer aux législatives, un nouveau boycott des locales signifierait inéluctablement la mort politique du RCD dans la région, mais aussi au plan national.