Si les femmes ont toujours été présentes dans le documentaire depuis les premiers films, ces dernières années, elles marquent une montée en puissance. La ville palestinienne de Ghaza accueille à partir d'aujourd'hui son 1er Festival des films de femmes, intitulé «A travers les yeux des femmes», a-t-on appris auprès d'un des organisateurs. Ce festival, qui se poursuivra jusqu'à jeudi, verra la participation de plusieurs cinéastes du monde arabe, qui viendront en grand nombre avec leurs films sous le bras pour créer l'événement et mettre de l'animation dans les artères de cette ville. Il s'agit de L'Algérie, la Jordanie, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Liban et la Palestine (la Cisjordanie, les territoires de 1948 et la bande de Ghaza). Le cinéma au féminin ne devrait pas nécessairement dire histoire de femmes. L'on ne peut nier cependant que les réalisatrices des films documentaires, mais aussi de fiction, choisissent le plus souvent une perspective féminine, et créent des personnages féminins loin des stéréotypes de la féminité acceptés et parfois revendiqués par une grande majorité de cinéastes masculins. L'ouverture de cette manifestation biennale sera algérienne avec le film L'envers du miroir de la réalisatrice Nadia Charabi Laâbidi qui est membre du Comité algérien populaire de soutien à la Palestine et à la résistance, présidé par Djamila Bouhired et Lakhdar Bouragâa. Avec ce titre évocateur, le film donnera le ton d'une session qui fait le subit de la femme son thème principal. Comme beaucoup d'autres domaines professionnels, l'industrie cinématographique a, en effet, longtemps été un espace qui, quoique mixte, reprenait la division entre les tâches réservées à chaque sexe, correspondant à ce qui était vu comme «l'ordre naturel» des choses: aux hommes revenaient la création et la maîtrise de la technique, tandis que les femmes étaient cantonnées aux travaux de «petites mains», costumes, maquillage ou script. Même si les vedettes féminines parvenaient parfois à obtenir une relative égalité avec leurs partenaires masculins, il n'en est pas de même pour la réalisation. Si les femmes ont toujours été présentes dans le documentaire depuis les premiers films, ces dernières années marquent une montée en puissance des femmes et des sujets féministes. Les stéréotypes, la discrimination contre les femmes, les droits des femmes au travail, la libre disposition de son corps, vont constituer autant de thématiques de films. La représentation des femmes à l'écran devant la caméra, derrière la caméra en est bouleversée. Des équipes techniques entièrement féminines verront le jour. La radicalité de l'approche des réalisatrices de documentaires permet de nommer et dénoncer le sexisme. Les perspectives changent... Avec un budget faible et beaucoup de bonne volonté, un programme alléchant est en vue: projections, débats, rencontres, sections spéciales et ateliers de formation, sont au menu de cette session. Des hommages posthumes sont également programmés en signe de reconnaissance à des figures du paysage cinématographique.