Il entend faire payer au Maroc ses violations des droits des Sahraouis. Si sur le plan purement sportif la cause semble déjà entendue, sur le terrain de la diplomatie, Mohammed VI, qui ne veut rien entendre du droit des Sahraouis à disposer librement de leur destin, vient de subir un revers retentissant. C'est de la terre d'Afrique, du pays de Nelson Mandela, militant incontestable et incontournable de la lutte contre l'apartheid et fervent défenseur des droits de l'homme, que la décision vient d'être prise. Tout un symbole! La lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, prend toute sa dimension et la répression de plus en plus féroce exercée par le colonisateur marocain contre les militants de la liberté est unanimement dénoncée et mise sans coup férir au banc des accusés. La diplomatie sort son artillerie et le football trinque. Les lions de l'Atlas qui ont déjà compromis toutes leurs chances de participation au Mondial sud-africain ne possèdent qu'une mince chance de se qualifier pour la CAN 2010 qui se déroulera en Angola. Ils trouveront sur leur chemin les Lions indomptables. Et quand bien même franchiront-ils l'obstacle camerounais, ils auront à traîner comme un boulet la position tranchée des autorités de leur pays concernant la question des droits du peuple sahraoui à s'exprimer librement sur son indépendance. Le Parlement panafricain vient en effet d'adopter une résolution demandant l'exclusion du Maroc des qualifications jumelées de la CAN et du Mondial de football 2010. «Le Parlement panafricain a demandé l'exclusion du Maroc de la CAN et du Mondial 2010 de football, pour les graves violations des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, a indiqué dimanche dernier le ministère sahraoui de l'Information», a rapporté l'agence de presse officielle sahraouie, SPS, dans une de ses dépêches le 8 novembre 2009. La résolution a été adoptée à l'unanimité par les élus des pays membres du Parlement panafricain lors de la session qui s'est tenue à Midrand en Afrique du Sud. Les autorités marocaines sont sanctionnées par les membres de cette institution suite à leur volonté de vouloir traduire sept militants sahraouis des droits de l'homme, devant un tribunal militaire. Ces derniers ont été arrêtés dès leur descente d'avion à l'aéroport de Casablanca le 8 octobre dernier après leur retour d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés de Tindouf. «Ils ont été déférés devant le parquet militaire de Rabat, et conduits par la suite au complexe pénitencier de Salé, après être restés huit jours entre les mains des différents services de sécurité et de renseignements marocains civils et militaires, sans aucun contact avec leurs familles et leurs avocats», précise un communiqué de Sahara Presse Service. La «résolution de Midrand» risque fort de parasiter les relations entre Rabat et Pretoria. La capitale du Royaume alaouite est en ce moment en délicatesse avec certaines de ses homologues. Le 1er septembre, à l'occasion de la célébration du 40e anniversaire de la Révolution libyenne, la délégation marocaine a quitté précipitamment Tripoli en s'apercevant de la présence de Mohamed Abdelaziz, le président de la Rasd sur les lieux des festivités. Plus récemment, c'est avec Stockholm que des nuages ont pointé le bout de leur nez (voir L'Expression du 7 novembre 2009). Et n'y aurait-il pas déjà un «contentieux» assez récent à régler avec l'Afrique du Sud? Au mois d'août 2008, Dumisani Kumalo, ambassadeur d'Afrique du Sud et président en exercice, à l'époque, du Conseil de sécurité, avait vivement critiqué les déclarations de Peter Van Walsum, ex-envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental. Celui-ci avait affirmé l'option de l'indépendance «irréaliste» pour le peuple sahraoui. «Si nous nous engageons dans cette voie, nous devrions aussi dire aux Palestiniens de renoncer», a fait remarquer le diplomate sud-africain. Ce qui a eu pour effet de soulever l'ire des médias marocains. «L'Afrique du Sud disqualifiée du dossier» titrait le quotidien Le Matin en ajoutant: «L'Afrique du Sud a affiché pour la énième fois son hostilité au Maroc.» De son côté, l'agence de presse officielle MAP a estimé qu'«elle a violé les règles de bienséance diplomatique qui prévalent à chaque réunion du conseil». Entre le pays de l'ex-plus ancien prisonnier politique du monde et le Royaume de Mohammed VI, la lune de miel n'est pas pour demain. Elle ne sera possible que lorsque le peuple sahraoui aura accédé à son indépendance.