Les vives tensions sur certains matériaux de construction, qui traversent depuis quelques mois le marché, semblent affecter le secteur du logement. La presse ne cesse de faire état d'arrêts de chantier, soit à cause de la pénurie du ciment et/ou de l'acier, soit à cause de l'augmentation de leurs prix ou, encore, pour les deux causes à la fois. Seulement, si des responsables du secteur parlent de programmes hypothéqués, d'autres, en revanche, le sourire au bout des lèvres, rejettent ce pessimisme. Pour l'un d'entre eux, “c'est un alibi avancé par ceux qui n'arrivent plus à suivre les affaires liées à leur département”. Une réflexion plus ou moins partagée par le premier responsable du secteur qui s'interroge sur les objectifs de ce faux problème. Pour M. Hamimid, s'il y a fluctuation des prix des intrants, il y a automatiquement révision des coûts. Il précise : “On n'a jamais refusé de réviser le prix du mètre carré quand c'est réglementaire.” C'est-à-dire, quand c'est stipulé dans le cahier des charges. Les tensions sur le ciment et l'acier sont dues, explique-t-on, à la relance du secteur du bâtiment. Selon des cadres centraux du ministère de l'Habitat et du Logement, 2002 a été une année record en matière de consommation des matériaux de construction depuis une décennie. D'ailleurs, il y a moins d'un mois, M. Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, nous l'a déjà confirmé lors de son passage à Constantine, mettant cette hausse de la demande sur l'actif du programme de relance économique initié par le président de la République. Donc : en 2002, quelque 10 682 195 tonnes de ciment et 1 306 000 tonnes d'aciers ont été consommées. Seulement, et selon des experts, dans ces chiffres, il y a un fort taux de gaspillage à cause d'une mauvaise culture de la construction qu'ont nos maçons. Pour des raisons liées à leur formation et au poids des traditions, la majorité de nos ingénieurs et architectes se laissent guider dans le façonnage de béton armé, par des maçons et où, selon des idées reçues, la solidité du bâti est proportionnelle au dosage des sections, quelle que soit l'infrastructure. Avec l'implication de sociétés étrangères dans la réalisation du programme de location-vente, on s'aperçoit des dégâts causés par des maçons “sous-cultivés” et des ingénieurs incompétents, dans le sens d'incapables d'assumer leur savoir au sein de la société. Selon une directrice centrale au ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat, “cette culture de la parcimonie porte un lourd préjudice, en monnaie forte pour le pays, surtout que la production nationale en ciment n'a jamais couvert plus de 70% des besoins, et celle de l'acier n'a pas dépassé le seuil des 20%”. A ce stade, un vaste, même coûteux, programme de vulgarisation des techniques de construction est à mener auprès des professionnels et aussi de l'ensemble de la société afin de s'attaquer aux idées reçues et à la racine. M. K.