La journée de jeudi dernier a été émaillée d'incidents graves à Annaba, où l'on a frôlé des émeutes populaires suite à la mort accidentelle, tôt dans la matinée, de trois personnes dans l'effondrement d'une bâtisse de la vieille ville. Les violences ont débuté sur les lieux du drame après que les riverains en colère eurent décidé de marcher sur le cours de la Révolution tout proche et d'y bloquer la circulation automobile pendant de longues heures au moyen de pneus brûlés et de blocs de pierres, en réclamant la présence des autorités. Excitée, la foule avait même entrepris de s'attaquer à coups de pierres au siège de l'APC ; il a fallu que le wali se déplace sur les lieux et engage des pourparlers avec les représentants du quartier pour que le calme revienne. La bâtisse en question, un immeuble de type R+1, situé à la rue Française de la vieille-ville (ex-place d'Armes) de Annaba, s'est effondré jeudi, aux environs de 7h30. Le sinistre a provoqué la mort, apprendra-t-on, de toute une famille sous les décombres : le père, la maman et leur bébé. La famille Baâtouchet, qui se compose de trois personnes – Smaïl, 27 ans, sa femme Bouteraâ Samia, 26 ans et leur petit Nour El Djihad, 1 an – a été ainsi entièrement décimée. L'intervention en urgence d'une équipe de la Protection civile, composée de 8 officiers et de 7 médecins, qui ont tenté manuellement pendant plus d'une heure de dégager les trois corps entièrement ensevelis sous les décombres, n'a été malheureusement d'aucun secours. Les pompiers n'ont pu que dégager les dépouilles des défunts, lesquelles ont été transférées à la morgue du centre hospitalier universitaire de la ville, unité Ibn-Rochd. La famille victime est installée dans cet appartement depuis seulement une année et demie. Ce logement fait partie, apprend-on auprès du docteur Bensaïd, le P/APC de Annaba, des 76 immeubles, dont plus de 80% appartenant au privé qui ont fait l'objet de décisions d'interdiction d'occupation et d'ordre de démolition. Malheureusement, ces arrêtés n'ont jamais été appliqués en raison de l'impunité dont jouissent les véritables filières du vieux bâti qui agissent au grand jour avec la complicité de certains employés du service technique de l'APC de Annaba. Le wali de Annaba, M. Mohamed El-Ghazi, qui était sur les lieux du sinistre, a instruit les responsables de faire recaser en urgence six familles dans un centre de transit de la Tabaccop. Il a également exigé des services de sécurité d'ouvrir une enquête sur un trafiquant spécialisé dans le vieux bâti, surnommé par les habitants du quartier de la place d'Armes “ le logeur de la mort”. Il achèterait auprès des locataires qui ont bénéficié de logements neufs leurs vieilles maisons, jugées à haut risque, donc menaçant ruine. Il procéderait ensuite à de sommaires opérations de restauration, avant de les proposer à des tiers en quête de logement. Le wali qui a réuni, hier dans la matinée, toutes les parties concernées (Ocrava, APC, OPGI, service techniques, Sonelgaz, entre autres), pour examiner la situation et prendre les mesures qui s'imposent, a déclaré à Liberté que 189 logements ont été réservés aux habitants de la vieille ville. “Ces logements seront livrés au plus tard dans les deux mois à venir et les anciennes constructions vidées de leurs occupants seront automatiquement rasées”, a précisé M. Mohamed El-Ghazi.